Samedi, jour de marché.
Publié le 7 Mars 2009
Samedi 7 Mars 9Heures30, direction le marché du Vieux Pays. Pour nous, les habitants du quartier, c'est presque un rituel, un endroit incontournable. A première vue, on a l'impression d'une fourmilière géante, chacun s'agitant autour des étals des commerçants. Mais bien vite, à la vue des produits, des couleurs, des odeurs, de ces petits riens échangés avec le fromager, le poissonnier, tous les artisans de cet endroit, une sorte de bien-être indicible vous envahit.
Au delà de l'aspect alimentaire, le marché est avant tout un lieu de rencontres. On s'arrête cinq minutes pour bavarder avec les voisins, échanger un sourire, parler du petit dernier qui grandit si vite, discuter de tout et de rien. On croise également des distributeurs de tracts. Et ce matin cela tombe bien, mes voisins et moi sommes en distribution. Nous avons décidé d'étendre notre communication au quartier entier. Nous ne nous contentons pas d'une simple distribution, chaque papier qui passe de mains en mains fait l'objet d'une discussion avec les habitants. Nous faisons passer notre message et vous verrez en lisant la rubrique derniers commentaires dans le blog qu'il résonne même au delà d'Aulnay Sous Bois ( Nous vous saluons au passage, Madame, de Beauvais pour votre précieux témoignage).
Beaucoup de rencontres, jusqu'à LA rencontre. Avec Monsieur Ségura. Tout à coup, un cercle se forme autour de nous, tout le monde tend l'oreille, à l'affût, une tension invisible envahit les lieux. J'ai comme l'impression que ce cercle bouge comme un tourbillon, tout s'accélère mais je reste étonnement calme et serein, sûr de notre message, sûr de nos convictions.
Monsieur Ségura ne goûte guère notre tract. Il considère que nous faisons de la manipulation, nous prêtant même des intentions politiques. Diantre, sommes-nous déjà en campagne ? Notre dessein est tellement éloigné de ce genre de préoccupations. Aujourd'hui nous sommes des riverains inquiets pour le devenir de leur quartier, et il se trouve que notre inquiétude fait écho dans nos rues, et même au delà sur ce marché.
Plus loin dans la conversation Monsieur Ségura ne comprend pas que nous ameutions la foule pour un "petit" projet.
Ce qualificatif "petit" projet me rappelle une expérience personnelle récente, intervenue dans mon entreprise. Je travaille dans une multinationale qui en France compte 1500 employés. Lorsqu'il a été question d'externaliser la fonction paie, les ressources humaines ont fait un plan social pour les 5 personnes qui occupaient les fonctions de gestionnaire de paie. Lorsque le plan a été présenté aux représentants du personnel en comité central d'entreprise, les ressources humaines ont qualifié le projet de "petit" projet, invitant à ne pas faire de vague pour seulement 5 personnes à licencier. La réaction autour de la table fût immédiate : ce n'est pas un "petit" projet. Nous sommes là pour défendre les salariés et leurs emplois, que cela soit 5, 10, 100 ou 1000 personnes c'est exactement la même chose.
J'adore cette phrase : qui sauve une vie sauve l'humanité entière. Chacun, à sa "petite" échelle, peut contribuer à faire de grandes choses.
Nous comprenons parfaitement que Monsieur Ségura ait un agenda chargé et des problématiques variées à régler dans une ville de 80000 habitants. Notre quartier est peut-être tout "petit" à l'échelle d'Aulnay Sous Bois, mais pour nous il a une grande importance. Nous aimons notre cadre de vie, souhaitons le préserver, et avant toute chose être associé aux changements qui pourraient en bouleverser le visage. Notre message, et je suis certain que Messieurs Ségura et Amédro l'ont bien compris, ne va pas au delà. Nous avons également de notre côté bien intégré votre message, soyez en sûrs.
Voilà, LA rencontre a eu lieu, nous avons pu nous exprimer, échanger, discuter, quoi de plus normal dans le fonctionnement d'une République démocratique. Le cercle autour de nous disparait peu à peu. Mes voisins vont faire leurs courses, je rentre seul comme n'importe quel autre quidam.
Je sais que nous allons bientôt nous revoir. En attendant, nous restons en éveil, mobilisés, solidaires et déterminés.
Rédigé par Stéphane Fleury le Samedi 7 Mars 2009 à 22Heures53.