2 500 personnes manifestent contre le passage en Seine-Saint-Denis des trains chargés de matières dangereuses !
Publié le 6 Octobre 2013
Une nuée de gilets jaunes, de tambours, de klaxons et de banderoles envahissent le parvis de la préfecture de Seine-Saint-Denis, à Bobigny. Il est midi hier, et les quelque 2500 manifestants, partis de la place de l’hôtel de ville de Drancy, arrivent en force avec, à leur tête, une délégation d’élus locaux, reçus quelques minutes plus tard par le préfet, Philippe Galli Les protestataires entendent dénoncer les dangers de la gare de triage de Drancy. Un site majeur du fret ferroviaire où transitent chaque année plus de 200000 wagons, dont 20800 transportant des matières dangereuses.
La gare fonctionnait quasi normalement depuis des dizaines d’années au milieu de ces quartiers populaires, jusqu’à ce qu’une étude de l’Etat ne mette au jour les dangers potentiels pour la population. Conséquence : un arrêté préfectoral, pris au printemps dernier, interdit désormais toute construction nouvelle dans un rayon de 620 m autour de la gare. Sauf que plus de 30000 personnes vivent déjà dans cette zone jugée dangereuse, à cheval sur les communes de Drancy, du Blanc-Mesnil et du Bourget. « C’est inadmissible! Comment expliquer aux gens ? Ceux qui sont déjà ici peuvent mourir, ceux qui y viennent doivent être protégés », s’étrangle Jean-Christophe Lagarde, député-maire (UDI) de Drancy.
Deux mères de famille sont venues avec leurs cinq enfants. « Nous sommes inquiètes pour leur avenir. Nous habitons à 300 m de la gare. On sent souvent des odeurs bizarres… On a peur qu’une catastrophe n’arrive. » L’arrêté préfectoral, loin de renforcer la sécurité de la zone, a plutôt contribué à alimenter les craintes. « Cette gare n’est pas sécurisée, estime Bruce, habitant de Drancy depuis quarante ans. N’importe qui peut s’y introduire et faire exploser des wagons. Avec l’effet domino, cela menacerait Paris… » La catastrophe de Lac-Megantic, au Canada, ou le déraillement d’un train à Brétigny, cet été, sont dans toutes les têtes. Dans le cortège, certains déplorent aussi la dévalorisation de leur patrimoine immobilier. « On observe déjà des moins-values sur certains biens, indique Nathalie, agent immobilier à Drancy. Certaines petites maisons avec du potentiel ne pourront pas s’agrandir. »
L’ampleur de la manifestation a surpris, deux semaines après la formation d’une chaîne humaine réunissant moins de 1000 personnes. « C’est un signe que la mobilisation se renforce », sourit Jean-Christophe Lagarde, selon qui le préfet « a conscience qu’on ne peut pas laisser la situation en l’état ». « Après AZF, on a changé la réglementation. Qu’on le fasse ici avant que ça explose! »
Source : Le Parisien