Forte hausse de la mortalité en Seine-Saint-Denis depuis la pandémie du Covid-19
Publié le 16 Novembre 2020
17 octobre 2020 : la Seine-Saint-Denis décroche. Doucement, presque inexorablement, pendant cinq jours, les signaux virent au rouge. Alors que les cas positifs de Covid-19 explosent partout en France, le nombre de morts dans le 93 se met de nouveau à augmenter quotidiennement pour atteindre un pic de 41 nouveaux décès le 21 octobre. Soit le double de ce qu'enregistre en moyenne le département. La courbe oscille pour redescendre ensuite à 26 morts au 2 novembre.
Si l'indicateur englobe les morts « toutes causes confondues », il suit néanmoins une tendance similaire à la reprise de la maladie liée au coronavirus. L'alerte est visible grâce à l'énorme travail de compilation de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Et cette hausse pas si facile à détecter pour les non-initiés est pourtant complètement anormale : entre le 1 er septembre et le 2 novembre, le nombre de décès en Seine-Saint-Denis est supérieur de 22,4 % par rapport aux données de 2019, sur la même période.
12% de morts en plus à l'échelle de la région depuis le 1er septembre
Dans la très grande partie nord du pays, le 93 est le territoire qui dénote de façon un peu plus inquiétante. En Ile-de-France, c'est le département qui présente le plus grand écart, bien loin devant la Seine-et-Marne (+ 16,4 % par rapport à 2019), l'Essonne (+ 15,8 %), les Hauts-de-Seine (+ 12,5 %) et Paris (+ 11,3 %). A l'échelle de la région, l'augmentation du nombre de morts est de 12 % par rapport à 2019, et de 10 % pour tout le pays. Ces chiffres doivent d'autant plus sauter aux yeux que le nombre de décès signalés au cours de l'été dans le 93 est redevenu conforme à la moyenne de 2019.
Autre constat en Seine-Saint-Denis : entre le 1er septembre et le 2 novembre, la hausse des décès parmi les personnes âgées de 65 à 74 ans est de 61 % par rapport à 2019, dans le même laps de temps ! En revanche, elle est en baisse de 25 % chez les jeunes. « Il y a probablement l'effet du confinement dans ces chiffres : les mesures prises pour lutter contre la pandémie ont permis de réduire les décès parmi les jeunes », estime Valérie Roux, cheffe du Département de la démographie à l'Insee.
24% de surmortalité à l'hôpital
Un focus sur la situation dans les maisons de retraite du 93 est également saisissant. Sur la période critique du 1er mars au 30 avril, la surmortalité atteint 307 %, par rapport à 2019 ! Sur l'ensemble de la période (1er mars-2 novembre), le département enregistre 81 % de surmortalité contre 80 % en Essonne, 74 % dans le Val-d'Oise, 69 % dans les Hauts-de-Seine, 64 % dans le Val-de-Marne, 51 % dans les Yvelines, 41 % en Seine-et-Marne et 31 % dans l'Oise. Le record ? Paris, avec 104 % de surmortalité depuis le 1er mars.
Mais dans le 93, entre le 1er septembre et le 2 novembre, « le nombre de décès est en baisse de 17,5 % dans les Ehpad », précise Valérie Roux. Aucune explication pour cette donnée, d'autant que les autres départements franciliens n'enregistrent rien de tel. En revanche, dans le 93, les morts sont en augmentation de 24 % à l'hôpital et 32 % à domicile, entre le 1er septembre et le 2 novembre.
Des données glaçantes
Le travail des experts de l'Insee avait déjà mis en lumière l'incroyable surmortalité de 124 % dans le 93, entre le 1er mars et le 30 avril. Les données compilées à l'époque sont glaçantes.
Le jour du confinement, le 17 mars, la Seine-Saint-Denis amorce une rupture en termes de décès par rapport à 2019 et 2018. Le 30 mars est frappant, avec 104 décès répertoriés en Seine-Saint-Denis, soit près de cinq fois plus que la moyenne habituelle. Et si l'on compare les données cumulées à compter du 1er mars 2020, le nombre de morts dans le 93 est de 3103 au 11 mai, date du déconfinement, contre 1491 en 2019 et 1607 en 2018.
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Source article et image : journal Le Parisien