Journal d’un confiné à Aulnay-sous-Bois : les petites mains tiennent l’économie et nos vies !
Publié le 14 Avril 2020
Quatrième semaine de confinement au cinquième étage de mon bâtiment de la cité des Étangs, à Aulnay-sous-Bois. Deux bruits rythment mes journées. Celui des enfants du voisinage et celui de l'hélicoptère qui n'a de cesse de faire des rondes au-dessus de nos têtes.
Je n'en veux pas à mes voisins, j'ai moi-même du mal à faire entendre à mes parents qu'ils pourraient communiquer entre eux sans que leurs voix traversent les murs. Certes, ils ont perdu en audition avec l'âge — mon papa a 86 ans et ma mère, 83 — mais ils avaient, bien avant cette histoire de coronavirus, l'habitude de parler au téléphone comme s'ils s'adressaient à l'interlocuteur depuis leur fenêtre.
J'ai beau expliquer que le télétravail requiert un minimum de silence, je ne suis jamais à l'abri d'éclats de voix dignes d'un opéra confiné. D'autant plus que mon père me croit doté d'un pouvoir extraordinaire : celui de discuter au téléphone et avec lui simultanément. Agiter le smartphone n'y fait rien.
Malade d'Alzheimer, mon père a pour principale hantise d'être oublié par sa famille. Souvent, il m'interrompt pour s'inquiéter de ne plus voir ma sœur. Elle est infirmière à l'hôpital Bichat et, exposée aux malades du Covid-19, ne prend plus le risque de venir nous voir.
« Grâce à ma mère, je développe des compétences de négociateur »
Quant à ma mère, je développe grâce à elle des compétences de négociateur. Car la voilà obligée de gérer à flux tendu les stocks de nourriture : je lui répète devoir réduire le rythme de mes sorties pour aller faire les courses. Elle comprend l'idée… mais la juge peu applicable aux denrées qu'elle estime de première nécessité : pain, viande, légumes, herbes et yaourts.
Illettrée, elle a appris devant les informations à prononcer le mot « Corona » comme un élève apprendrait un nouveau mot à l'école.
En début de semaine, je les ai informés tous les deux de l'annulation du vol familial pour le Maroc prévu le 21 avril. Un rappel parmi tant d'autres de ce qui aurait pu être notre vie en temps normal.
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Source article et photo : journal Le Parisien