Journal d’un confiné à Aulnay-sous-Bois : le ramadan est presque venu sur la pointe des pieds
Publié le 28 Avril 2020
Confiné depuis un mois et une semaine au cinquième étage de mon bâtiment de la cité des Étangs, à Aulnay-sous-Bois. Avec l'arrivée des beaux jours, j'entends par mon balcon des enfants jouer dans l'aire de jeu face à mon immeuble et, par la fenêtre de la cuisine, ce sont les vroum vroum des deux roues qui rivalisent d'intensité sonore le long de la nationale 2.
Ma mère de 83 ans rêve de repartir au Maroc où sa condition sociale est autre, où elle coulait une douce retraite avant l'aggravation de l'état de santé de mon père, atteint d'Alzheimer, il y a quelques années, et leur retour en France. Elle semble ne pas vouloir complètement accepter d'être devenue dépendante de ses enfants.
Mon père, un lion en cage
Pourtant, elle va devoir s'armer de patience, avec le covid-19 : je me demande combien de temps encore mes parents resteront enfermés.
Mon père, lui, est un véritable lion en cage. Il veut bouger. Tout le temps. Malgré son déambulateur. Peu lui importe où il est, il ne se sent jamais chez lui, tant Alzheimer met à mal ses repères. Il a besoin de bouger et de contact social. Il a besoin de saluer les voisins qu'il reconnaît, de leur claquer des bises. Chaque rencontre est une aventure.
Très tôt, quand la maladie a été diagnostiquée, j'ai remarqué qu'il était plus éveillé dehors qu'à la maison. Comme si reconnaître des gens et des lieux reconstruit dans son esprit une nouvelle mémoire du quotidien. Cette mémoire a besoin d'être active.
Là, depuis un mois et demi, je vois qu'il tourne en rond. Il va être difficile de le garder en cage très longtemps. J'ai bien pensé à le sortir tôt le matin ou tard le soir. Mais il veut du contact, il veut rencontrer des gens, il veut vivre, tout simplement.
On croise d'anciennes connaissances en faisant nos courses. Une ex-voisine d'origine turque m'interpelle alors que j'attends Moha, un voisin et ami habitant au rez-de-chaussée. Après une question introductive sur l'état de santé de mes parents, elle me demande si j'habite encore le quartier et m'interroge sur le nombre d'enfants que j'ai. Quand je lui dis que je fais partie des « résistants pas encore mariés », elle répond que j'ai eu raison. Cela m'interroge, mais je n'ai pas le temps d'approfondir.
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Source article et photo : journal Le Parisien