Et si on se réjouissait du succès fracassant de la chanteuse d’Aulnay-sous-Bois Aya Nakamura ?
Publié le 8 Février 2019

La nature humaine est parfois d’une contradiction étonnante ! Prenons par exemple notre bonne ville. Les habitants de la commune ont parfois coutume de se plaindre que les médias n’en décrivent que les aspects les plus sombres. Malgré cela, quand quelqu’un originaire de la troisième cité de Seine-Saint-Denis émerge en pleine lumière, il y a toujours un lot de haineux ou de rageux prompt à critiquer.
La chanteuse d’Aulnay-sous-Bois Aya Nakamura fait indéniablement partie de cette catégorie. Alors bien entendu, tout le monde est libre d’aimer ou non la musique et les textes d’Aya Nakamura, mais chacun devrait a minima se réjouir de sa réussite et de son succès fracassants. Plus de 2 millions d’abonnés et plus de 730 millions de vues sur sa chaine YouTube, voilà qui devrait mettre tout le monde d’accord !
Du coup, on a juste envie de saluer la nomination d’Aya Nakamura dans deux catégories des 34e victoires de la musique, diffusées ce soir sur France 2. Et on a très envie qu’elle ramène une victoire. Tout simplement…
Ci-dessous un extrait de l’article que le journal Le Monde lui a consacré.
Aya Nakamura, 23 ans, arrive de sa banlieue avec une petite demi-heure de retard et s’excuse poliment. Tout apprêtée comme sur les pages de papier glacé des magazines américains, elle soigne son look sur les réseaux sociaux comme lors de ses entretiens.
Après les tubes estivaux, Djadja et Copines, son deuxième album, Nakamura, publié début novembre 2018 est un succès qui dépasse les frontières hexagonales : la moitié des 300 millions de vues sur YouTube et des 150 millions d’écoutes en ligne proviennent de pays non francophones. Chanteuse la plus « streamée » en France l’an passé, elle est nommée dans deux catégories des 34e Victoires de la musique, prévues vendredi 8 février : meilleure chanson originale pour Djadja et meilleur album de musiques urbaines.
« Je kiffe ! », s’exclame Aya Nakamura même si, comme à son habitude, elle émet un petit bémol : « Je ne sais pas comment ils ont pu qualifier ma musique d’urbaine, peut-être parce qu’il y a beaucoup d’argot dans mes textes. Moi, je dirais qu’elle est plutôt pop, mais en France on associe ce genre plus au rock. »
Pop dans le sens de populaire. Sa musique est un conglomérat de tout ce que les jeunes de sa génération écoutent en boîte, dans les bars à chicha ou sur leur écran d’ordinateur via YouTube : beaucoup de zouk, de musique africaine digitalisée, de R’n’B ou de rythmique rap. Ses chansons racontent sans mièvrerie ni pudeur les relations sentimentales de jeunes adultes, complexifiées par la virtualité des réseaux sociaux, les tiraillements entre traditions familiales et matérialisme de la société consommation.
« C’était grave cool »
Elle chante comme elle parle, comme elle « snapchatte », comme les participants des émissions de télé-réalité s’invectivent entre eux. « Un langage populaire, des mots vulgaires, résume-t-elle. Ce que certains prennent pour de la vulgarité est pour moi de la franchise. J’assume ma manière de parler. Et puis après mon premier album, Journal intime, je me suis remise en question. J’ai vu que sur les réseaux, ce qui plaisait le plus à mon public, c’était quand je disais les choses franchement et que je me montrais plus. »
Elle mâtine alors ses textes d’anglais – wyner (danser collé-serré), smiler (sourire)… – et d’argot de la Cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis – djadja (menteur), Y’a R (rien) –, où elle a grandi après être arrivée du Mali, bébé.
Source article Le Monde à lire : ici