Jambisation ou comment les trafiquants de drogue règlent leurs comptes en mutilant leurs victimes dans le 93
Publié le 20 Février 2016
"A Marseille, on tue. Ici, on mutile: une ou plusieurs balles dans les jambes, c'est une particularité locale." En Seine-Saint-Denis, les policiers ont désormais un nom pour désigner les expéditions punitives entre dealers: "jambisation".
Quand il a épluché la base de données qui recense les blessés par arme à feu dans ce département populaire de banlieue parisienne - 33 en 2015 -, Frédéric Adnet, chef du Samu 93, est tombé de l'armoire. "Cuisse, cuisse, jambe, genou -deux impacts-, genou...", égrène le médecin. "Le nombre de blessures aux membres inférieurs est... frappant."
Rien qu'entre fin janvier et début février, la même scène s'est jouée à trois reprises.
Stains, haut lieu du trafic de drogue du département, 30 janvier: en pleine nuit, un tireur cagoulé et ganté tire sur un jeune homme au pied d'un immeuble. Au niveau d'un genou. Cinq jours plus tard, une deuxième victime est atteinte à une cuisse. "Match retour", dira la police.
Entre-temps, à Saint-Denis, un troisième homme est touché à un pied par deux projectiles tirés par un agresseur en voiture, en pleine journée. Avec cette fois une victime collatérale: sa fille de 12 ans, légèrement blessée à un coude.
Des enquêtes sont en cours. Mais pour un membre de la police judiciaire, "pas de doute, on est dans une nouvelle série de +jambisations+, après la trêve de l'état d'urgence", instauré après les attentats du 13 novembre.
"Désormais, en Seine-Saint-Denis, on donne des leçons en mutilant, dit-il. Pourquoi? En terme d'exemplarité, c'est plus efficace: un mec qui disparaît, au bout de 15 jours, on l'oublie. Alors que celui qui se trimballe dans la cité avec des béquilles ou en fauteuil roulant, c'est autre chose."
Autre hypothèse avancée: "Pour coups et blessures avec armes, les auteurs ne risquent pas les assises. Et donc pas de lourdes peines".
Et le fonctionnaire, "sidéré par ces actes punitifs", d'ajouter: "Il y a dix ans, au Clos Saint-Lazare, à Stains, les mecs se flinguaient à la pelle. Ça a complètement disparu".
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Source article : http://www.ladepeche.fr / Image d'illustration