Le maire Bruno Beschizza n’ouvrira pas la porte d’Aulnay-sous-Bois pour accueillir des réfugiés
Publié le 8 Septembre 2015
Saint-Denis a répondu à l’appel de l’Etat et de « sa conscience », précise Stéphane Peu, maire adjoint (PC) à Saint-Denis et président de l’office HLM Plaine commune habitat (PCH). Dès lundi matin, quelques heures seulement après le courrier dimanche du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve appelant les villes à se mobiliser en faveur des réfugiés, la ville des rois de France a fait savoir qu’elle était prête à accueillir une trentaine de familles.
« La ville de Saint-Denis est un territoire d’entraide et de migration. Au fil des ans, elle a toujours été présente quand il s’est agi d’accueillir les plus démunis », rappellent Didier Paillard, le maire (PC) et Stéphane Peu.
Lundi matin, la ville de Saint-Denis a donc soumis deux propositions concrètes d’accueil au ministère : l’une dans les logements de l’ancienne gendarmerie, au 2, rue Jean Moulin et l’autre dans son centre de vacances de Montrem, en Dordogne.
Les locaux de l’ancienne gendarmerie, qui avaient été identifiés dans le cadre du plan gouvernemental de mobilisation du foncier public en faveur du logement, sont en effet vacants depuis plusieurs années. « Nous avions fait dès 2013 une proposition au préfet pour acquérir ce bâtiment de 33 grands logements, afin d’y aménager 29 logements qui seraient gérés par l’association le Nid, rappelle Stéphane Peu, le président de PCH. Si l’Etat nous cède cet immeuble, nous pourrions loger une quinzaine de familles de migrants dans une des trois cages d’escalier tout en rénovant, en même temps les deux autres ». Le château de Pratz, en Dordogne, inoccupé l’hiver, pourrait lui recevoir 15 à 20 familles. Sollicité par la ville, le maire de Montrem a donné son accord.
Ailleurs en Seine-Saint-Denis, parmi les villes de plus de 40 000 habitants contactées lundi, cinq autres communes se portent volontaires pour accueillir des réfugiés.
A Bondy, la mairie PS est également favorable. Elle compte demander aux bailleurs s’ils sont en capacité de libérer des logements. Elle étudie du côté du centre communal d’action sociale les possibilités juridiques d’apporter une aide aux demandeurs d’asile, etc. Autant de pistes à l’étude qui feront l’objet d’une délibération en conseil municipal le 1er octobre.
A Aubervilliers, la municipalité répondra présente. Pour l’instant elle est en train d’en préciser les modalités, indique-t-on en mairie. Aubervilliers, l’une des communes les plus pauvres de France est aussi le creuset d’une centaine de nationalités. Elle veut perpétuer cette tradition d’accueil. Elle indique qu’elle dispose déjà sur son territoire de plusieurs structures dédiées à l’hébergement de demandeurs d’asile politique, gérées par l’association France Terre d’asile.
A La Courneuve, « la ville qu’elle prendra sa part, à condition que le plan soit organisé par l’Etat. On est prêt à jouer le jeu », précise la municipalité, mettant en avant sa tradition d’accueil.
A Sevran comme à Clichy-sous-Bois, le principe de solidarité est acté à condition que l’organisation soit clairement définie. « Quels logements mettre à disposition ? Qui prend en charge ? Quel accompagnement pour les enfants ? » illustre Olivier Klein (PS), maire de Clichy qui ne dispose pas d’office municipal. « Il ne s’agit pas uniquement de fournir un toit, il y a aussi tout un suivi psychologique à mettre en place » ajoute pour sa part Stéphane Gatignon maire (EELV) de Sevran.
Et les autres
Ces élus qui refusent…
« C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités ». Bruno Beschizza, maire (Les Républicains) d’Aulnay, n’ouvrira pas les portes de sa commune aux migrants. « Il est normal pour un pays comme la France d’aider les vrais réfugiés politiques, estime-t-il. Mais les maires de communes comme la mienne font face à la baisse des dotations. J’ai dû augmenter les tarifs des cantines scolaires, j’ai des milliers de demandes de logement en attente… Nous sommes sur des territoires en souffrance. Même avec un soutien financier de l’Etat, je me vois mal dire à une famille aulnaysienne : ce quatre-pièces, vous l’attendiez depuis des années mais vous ne l’aurez pas car je dois loger une autre famille qui vient d’arriver. »
Même son de cloche du côté de Villepinte : l’entourage de la maire (LR) Martine Valleton invoque lui aussi les baisses de dotations : « Nous sommes sensibles à la situation de ces personnes qui fuient la guerre. Malheureusement, […] nous ne sommes pas en mesure d’accueillir dignement ces familles. Après les TAP, la sécurité publique, les collectivités locales ne peuvent continuellement se substituer aux compétences étatiques. »
A Montreuil, on met en avant la « culture d’accueil » de la commune. « Nous accueillons déjà des Maliens, des Mauritaniens et de nombreux Roms, explique-t-on dans l’entourage du maire PC Patrice Bessac. D’ici la fin de l’année, le foyer d’accueil du Centenaire devrait d’ailleurs être terminé. » Quid alors des migrants arrivant en France ? « Il faudrait pouvoir les faire venir dans des conditions décentes, avoir les moyens de les héberger, poursuit-on en mairie. Pour le moment, nous n’en avons pas les moyens. »
A Noisy-le-Sec, Laurent Rivoire, maire UDI, estime que sa ville n’a pas les moyens d’accueillir du monde supplémentaire. « J’ai près de 2 500 demandes de HLM que je ne peux pas satisfaire, souligne-t-il. Comment pourrais-je dès lors justifier un accueil aux réfugiés ? ».
Ceux qui en appellent à l’Etat
A Tremblay, le député-maire (Front de gauche) François Asensi, indique que sa ville soutiendra toutes les initiatives solidaires et militantes : « On organisera des collectes de vêtements et de nourriture. » Sa commune pourrait-elle abriter des migrants ? « Honnêtement, nous n’avons pas les moyens d’accueillir dignement les gens. Il n’est pas question de créer de nouveaux bidonvilles. » L’élu propose d’utiliser les forts de l’Est ou de Romainville et de mobiliser les fonds du CICE (crédit d’impôts accordé aux entreprises) : « Sur 19 Mds€ disponibles, il faut en consacrer 5 Mds€ à l’accueil des migrants et distribuer les 14 Mds restants aux communes pour relancer l’économie et l’emploi. »
A Drancy, le député-maire et patron de l’UDI Jean-Christophe Lagarde est d’accord « sur le principe, à condition qu’ils s’agissent non pas de migrants économiques, mais bien de réfugiés venant de Syrie et d’Irak, issus de minorités religieuses qui fuient la barbarie. Il faut que ces personnes puissent être hébergées par des familles ou des associations, car nous n’avons pas de structure pour les loger durablement. Il faut que l’Etat prenne tout en charge parce la ville de Drancy est l’une des plus pauvres d’Ile-de-France.Dans ces conditions, nous accompagnerons les réfugiés. »
Ceux qui réfléchissent…
A Bobigny, la mairie UDI de Stéphane de Paoli assure étudier la question sans avoir pris encore de décision ferme pour le moment concernant l’accueil des migrants. Même réponse à Livry, ville qui abrite déjà un Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile.
Source : Le Parisien