Après 20 ans de Gauche, Noisy-le-Grand passe à Droite pour 33 voix
Publié le 21 Septembre 2015
À la faveur de 33 petites voix d'avance, Brigitte Marsigny, 62 ans, est devenue hier le nouveau maire (Les Républicains) de Noisy-le-Grand. Voici l'incroyable résultat du second tour des municipales partielles, qui n'est tombé qu'au terme d'un suspense invraisemblable. Le doute a plané jusqu'au dépouillement du 36e et dernier bureau.
Le maire PS sortant (et député), Michel Pajon, 65 ans, installé à la tête de la ville depuis 1995, a d'ores et déjà annoncé qu'il allait former un recours. Le tout dans une ambiance extrêmement tendue.
C'est à 23 heures que les résultats officiels ont été proclamés à l'hôtel de ville. Très rapidement, Brigitte Marsigny, élue municipale depuis 2008, prend la parole, applaudie par ses supporters et huée par les partisans de Michel Pajon. « On a fait cette campagne dans le respect, affirme-t-elle, haussant la voix pour se faire entendre. Je serais le maire de tous les Noiséens. Je n'ai pas fait de fausse promesse et ma porte sera ouverte à tout le monde car la concertation et la transparence sont essentielles. Par ailleurs, je ne serais pas seule car mes autres collègues maires seront présents à mes côtés. »
Un discours de victoire qui déplaît à Michel Pajon. Le sortant vaincu a tenu, malgré sa défaite, à assister à la proclamation des résultats. Et son discours n'a pas épargné pas son adversaire. « Cette ville est à 54 % à gauche mais elle passe à droite, regrette-t-il. Je laisse la direction de la ville à une équipe sans expérience, à une droite hargneuse et sans ambition. Une droite qui oppose les populations. La balkanisation a déjà commencé. Fausses promesses et vraies magouilles vont pourrir notre ville. » Et, ajoute-t-il en direction d'une autre formation politique, « le Front de gauche (NDLR : qui s'est maintenu au second tour) porte une lourde responsabilité dans l'échec de la gauche. » La tête de liste Front de gauche, Sylvie Monnin, n'a pas répondu à nos appels.
Dans une salle du conseil municipal pleine à craquer, tous les maires de droite du 93 ont fait le déplacement. Claude Capillon, Xavier Lemoine, Bruno Beschizza, Pierre-Yves Martin, William Delannoy, Laurent Rivoire, Philippe Dallier... Ils sont venus assister à un moment historique : le basculement d'une ville tenue par la gauche depuis 20 ans. Le brouhaha est indescriptible. Quand Brigitte Marsigny apparaît vers 22 h 45, Michel Pajon refusera de lui serrer la main.
Pourtant, en début de soirée, l'élu socialiste, dans sa permanence, a voulu y croire jusqu'au bout. Il a compté et recompté les voix au fur et à mesure que son équipe lui amenait les résultats. Des chiffres qui le plaçaient parfois devant Brigitte Marsigny, parfois derrière, en fonction des bureaux dépouillés. Michel Pajon a senti peu à peu l'élection lui filer entre les mains.
Avant le dépouillement du dernier bureau, il avait compris que les voix qui restaient ne suffiraient pas pour rattraper son retard. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, venu le soutenir en début de soirée, l'avait prédit. « Ca se jouera à une cinquantaine de voix », affirmait-il en boucle. Sans préciser dans quel sens.
Source : Le Parisien