Une famille expulsée se bat pour retrouver un toit à Aulnay-sous-Bois
Publié le 6 Août 2015
Le petit a fini par s’endormir dans sa poussette, pendant que les grands de 3 et 5 ans jouent près d’une fontaine. La maman les surveille, son portable à la main. « Le 115 doit me rappeler » explique Mona*, 34 ans, qui désespère de trouver un toit. Depuis dimanche, Mona, son mari et leurs trois enfants sont dehors.
Ainsi en a décidé leur logeur, un propriétaire d’Aulnay-sous-Bois qui a profité d’une balade de la famille pour sortir une partie des affaires sur le trottoir et leur interdire l’entrée.
La ville s’en est émue, la police a placé le propriétaire en garde à vue le lendemain, mais « faute d’éléments » le parquet a ordonné sa remise en liberté. L’affaire n’est pourtant pas terminée : la ville d’Aulnay a dressé un procès-verbal pour toutes les entorses à l’urbanisme concernant ce sous-sol transformé en appartement, sans la moindre déclaration. Et Mona, elle, s’est rapprochée d’un avocat pour faire valoir ses droits devant le tribunal d’instance, comptant bien prouver qu’elle a été illégalement expulsée.
« Avant on vivait à Paris, on payait un loyer, mais 20 m² avec trois enfants c’était devenu trop petit, alors on a cherché mais sans papier c’est difficile » explique Mona en français. Elle raconte avoir quitté l’Egypte il y a sept ans pour rejoindre son mari installé en France depuis 14 ans. Leurs trois fils sont nés à Paris, ils auraient pu faire une demande de régularisation, « mais on nous a conseillé d’attendre la fin de l’année scolaire de nos enfants » relate la mère de famille. Depuis octobre 2014, ils avaient élu domicile à Aulnay, chez ce compatriote, et scolarisé les deux grands. Mona assure avoir versé « 1 050 €de loyer ». « On a payé jusqu’en juin, en liquide, le propriétaire refusait tout virement et refusait aussi de nous faire un certificat d’hébergement. » « Les bons mois mon mari gagnait 1 300 € sur des chantiers », poursuit Mona, les larmes aux yeux, à l’idée de cette errance qu’elle fait vivre à ses enfants : « Ils ont dormi au commissariat, mangé sur le trottoir, sont fatigués, on a tout perdu ». Des amis les ont dépannés deux nuits. A Drancy, puis Evry (Essonne). 20 h 30, le téléphone sonne. « Le 115 nous donne l’adresse d’un hôtel à Sarcelles, explique Mona. Pour une nuit. »
*Le prénom a été modifié
Source : Le Parisien