Les commerces en crise dans le quartier Mitry-Ambourget à Aulnay-sous-Bois
Publié le 15 Juillet 2015
Lunettes de soleil sur le front, Claude, vieil habitant du quartier Mitry-Ambourget, à Aulnay, l'assure de son ton gouailleur : « J'ai connu cette cité en 1963. C'était les Champs-Elysées. Devant la boucherie, il y avait la queue jusque sur le trottoir ! » Un souvenir qu'on a du mal à faire coller avec l'image qu'offrent aujourd'hui les commerces de la rue du 8-Mai-1945.
Côté pair, sous un long auvent décati, une dizaine de boutiques, dont plusieurs ont définitivement baissé le rideau. La vitrine de l'ancienne agence bancaire, incendiée en 2005, est obstruée par des planches en bois. « Et depuis, il faut aller jusqu'à la gare RER pour retirer de l'argent », soupire Josiane, retraitée. Côté impair, quelques boutiques ont aussi fermé. Il reste cependant quelques magasins -- boulangerie, taxiphone, pressing... -- et restaurants, qui survivent grâce à la proximité du supermarché Netto.
« Le problème, c'est que nos locaux ne sont pas aux normes. Il y a des infiltrations d'eau, c'est catastrophique d'accueillir des clients dans ces conditions », explique Agnès Fréchon, sur le seuil de son salon de coiffure. Deux jours auparavant, un incident a mis tout le monde en émoi : un rat est tombé de l'auvent métallique, devant le restaurant turc.
Les petites enseignes vont toutes devoir déménager
Voilà plus d'un an que la coiffeuse et ses voisins attendent de savoir ce qu'il adviendra du projet de réaménagement du quartier. En 2011, l'ancienne municipalité avait lancé l'idée d'une transformation de ce secteur d'environ 15 000 logements. Elle souhaitait céder du foncier à l'aménageur Deltaville, qui devait y construire immeubles et équipements publics, ainsi que 1 500 logements en plus. L'objectif était aussi de déplacer les commerces du 8-Mai-1945 dans des locaux neufs. Seul l'un d'entre eux a effectivement migré de l'autre côté de la rue, en pied d'immeuble. Mais le nouveau maire (LR), Bruno Beschizza, a suspendu la concession d'aménagement. La ville est aujourd'hui en pleine négociation avec Deltaville pour « redimensionner » le projet, qui sera sans doute plus modeste. « Les discussions sont en cours et devraient se préciser à la rentrée », indique-t-on au cabinet du maire. Une chose semble toutefois déjà acquise : la petite cité commerciale du 8-Mai-1945 sera bien démolie. Le supermarché Netto doit rester sur place. Les boutiques pourraient être relocalisées à quelques dizaines de mètres de là, le long de la route de Mitry.
Cet axe départemental doit devenir un « boulevard urbain », doté d'une ligne de bus dite « à haut niveau de service » (avec des passages plus fréquents, sur une voie dédiée). Quant aux petits commerçants, ils auront le choix, indique-t-on en mairie : « Ceux qui le souhaitent pourront rester dans le cadre du projet. Pour les autres, on suivra la procédure habituelle, avec des discussions basées sur le prix des domaines et le chiffre d'affaires. » La suite lors des réunions d'information prévues à l'automne.
Source : Le Parisien