Un supermarché Dia de Vincennes refuse le chèque d’une cliente parce qu’elle vient du 93 !
Publié le 27 Septembre 2014
Point de bons payeurs en dehors de la ville royale. A Vincennes (Val-de-Marne), c'est l'adage tout personnel appliqué par le patron d'un supermarché Dia. Jeudi, en fin d'après-midi, Agnès, une mère de famille du Pré-Saint-Gervais, en a fait les frais.
Alors qu'elle venait de récupérer ses enfants, scolarisés dans la commune, Agnès s'est arrêtée pour faire ses courses dans cette enseigne toute proche. Mais à la caisse, surprise : « Au moment de régler la note, j'ai sorti mon chéquier et ma carte d'identité, parce que je n'avais que ça sur moi et qu'aucun écriteau ne précisait que ce mode de paiement n'était pas accepté. La caissière s'est tournée vers son responsable et lui a demandé : C'est un chèque du 93, qu'est-ce que je fais ? Et lui de répondre : On les prend plus, y a trop de problème avec le 93. J'étais sidérée », explique-t-elle.
A ses côtés, son fils de 10 ans grignote déjà un paquet de viennoiseries, choisi dans le magasin. « Le patron nous a demandé de reposer les courses. Le petit a dû rendre ses chaussons aux pommes, fulmine Agnès. C'était humiliant. Là, j'ai pris la pleine mesure de ce qu'était la discrimination. »
Dans la supérette, où aucune affichette ne mentionne cette subtilité, le gérant assume ces « conditions à [...] ». « Tous les mois, j'ai entre 10 et 15 chèques impayés, qui me font perdre 200 à 500 €, et j'ai constaté qu'il ne s'agissait pas de clients d'ici », argue-t-il, précisant qu'il ne refuse pas ce mode de paiement qu'aux personnes du 93 mais à « tous les non-résidants de la ville. » Pourquoi ne pas faire une croix sur les chèques tout court ? « Cela me priverait de mes clients vincennois honnêtes », tranche-t-il.
Surprenante, la mesure n'est pourtant pas en contradiction avec la loi... ou presque. Sur le site www.servicepublic.fr, le portail de l'administration française, on apprend ainsi que si le commerçant accepte les chèques, « il peut imposer des conditions, comme un montant minimum d'achat [...], la présentation d'une pièce d'identité, etc. » Mais dans ce cas, « il se doit d'en informer sa clientèle de manière apparente ».
Pour Agnès, pas question d'en rester là. « Mon fils a été choqué. Des copains à lui étaient dans le magasin, il a eu honte et je ne veux pas qu'il croie que ce type d'agissements est normal ! Mais au commissariat de Vincennes, on a refusé ma plainte pour discrimination. On est dans le pur cliché », s'insurgeait hier soir la maman, qui tentera ce week-end sa chance au commissariat des Lilas (Seine-Saint-Denis) et a aussi alerté hier la Haute Autorité de lutte contre les discriminations.
Source : Le Parisien