Retour sur le 17 octobre 1961 à travers le spectacle Disparus en répétition au Centre de Danse du Galion d'Aulnay-sous-Bois
Publié le 27 Octobre 2011
Dans un article précédent (ici) nous évoquions la répétition publique du spectacle Disparus donnée le 12 octobre dernier au Centre de Danse du Galion. Le sujet en est les événements tragiques survenus le 17 octobre 1961 à Paris. Ixchel Delaporte revient sur cette représentation pour nous la faire vivre de l'intérieur et danser contre l'oubli...
Au Blanc-Mesnil, la compagnie No Mad a créé un spectacle en hommage aux morts du massacre du 17 octobre 1961. Reportage au centre de danse du Galion, à Aulnay-sous-Bois, où les danseurs ont montré un condensé de la chorégraphie aux enfants d'un centre de loisir.
Un groupe d’ouvriers marche d’un pas cadencé, le poing levé. Ce sont les «Français musulmans» qui défilent pacifiquement dans les rues de Paris. Un bruit de bombe retentit. Tout le monde à terre. Les corps des vingt danseurs font éclater la violence d’un événement passé sous silence. Au centre de danse du Galion à Aulnay-sous-Bois, devant un groupe d’enfants d’un centre de loisirs, une dizaine de danseurs sont venus montrer un condensé du spectacle. Au-delà des prouesses techniques, un des danseurs explique à la fin du spectacle la force du hip-hop, capable de transformer une énergie négative en énergie positive. Le spectacle est assuré par des danseurs d’âges différents et d’horizons pluriels. Tous ne sont pas professionnels mais tous « viennent défendre les disparus et leur mémoire », tranche le chorégraphe.
Voilà un an que Mehdi Slimani médite sur ce projet. « J’ai rencontré cette histoire du 17 octobre à l’université grâce à un professeur de philosophie. J’ai creusé en lisant Meurtres pour mémoire, de Didier Daeninckx. Je me suis beaucoup documenté. Pour retranscrire ce fait historique, je trouvais que la gestuelle revendicative urbaine était la plus appropriée. » Octobre 1961, c’est aussi un contexte par lequel commence le spectacle : en groupe, les danseurs répètent les mêmes mouvements. Les ouvriers algériens travaillent à la chaîne. Lorsque l’un d’eux, roué de coups par un policier, s’absente de la chaîne, ce sont tous les rythmes qui se cassent. Le couvre-feu, injuste et raciste. « Dans cette usine, à la mécanique parfaite, la répression, les interpellations dérèglent ce quotidien minuté par un chronomètre. »
Faire connaître cette histoire
À la question de la méconnaissance de cet épisode sanglant de l’histoire de France, un danseur répond : « J’en avais entendu parler et j’ai même de la famille qui a vécu pendant cette période inquisitoire de contrôles permanents. Ça a été une occasion d’en parler avec mes grands-parents. » Et Mehdi Slimani de conclure : « Ça fait cinquante ans que tout cela est arrivé. Nous dansons cette histoire pour la faire connaître. Mais surtout, il faut que vous sachiez que c’est grâce à tous ces hommes et à toutes ces femmes que vous avez droit à l’égalité. » Le lundi 17 octobre 2011, la compagnie donnait le spectacle pour l’inauguration d’une place du 17-Octobre-1961, au Blanc-Mesnil.
Source : Ixchel Delaporte. Photo : Benjamin Géminel.