PSA Aulnay-sous-Bois : un rapport resté dans le tiroir préconisait la reconversion du site dès juin 2011
Publié le 9 Octobre 2012
C’est une étude qui aurait pu faire grand bruit… si elle avait été remise quelques semaines plus tôt. Un document rendu en juin 2011 à l’agence de développement Seine-Saint-Denis Avenir — créée par le conseil général —, soulignait déjà les risques pesant sur l’usine PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay et proposait des pistes d’action. Aujourd’hui, la fermeture est annoncée, et des salariés iront d’ailleurs protester ce matin au Salon de l’auto à Paris, tandis que les premières conclusions du cabinet Secafi, sur la santé financière du groupe automobile, sont attendues jeudi. L’étude, qui portait sur la filière automobile en Seine-Saint-Denis, avait été commandée en mars 2010 au cabinet Sofred. Mais, à l’été 2011, elle a été éclipsée par un autre document, bien plus explosif : la fameuse « note interne » de PSA, dévoilée par la CGT en juin 2011, qui évoquait la fin de la production à Aulnay.
Neuf propositions pour « anticiper » la mutation du site
L’agence Seine-Saint-Denis Avenir voulait un « diagnostic », une « vision d’ensemble » du secteur, déjà touché par la crise. Particulièrement alarmante sur la situation de PSA (« sous-charge, sous-investissement », pointait-elle notamment), l’étude s’inquiétait aussi du sort d’autres entreprises, comme MA France (sous-traitant installé sur le site d’Aulnay), Bosch (à Drancy et à Saint-Ouen), ou encore Delphi (aujourd’hui basée à Villepinte). Elle formulait surtout neuf propositions d’actions, pour « anticiper » la mutation du site d’Aulnay et les difficultés du reste de la filière. Au cabinet Sofred, on se dit aujourd’hui « frustré » de n’avoir jamais pu mettre en œuvre ces préconisations : « On ne fait pas une étude pour le plaisir, il y avait tout un travail à mener auprès des sous-traitants, des passerelles à trouver vers d’autres secteurs d’activité. »
« L’accélération du calendrier a changé la donne », répond-on au cabinet du président PS du conseil général, Stéphane Troussel, qui n’a d’ailleurs jamais eu cette note entre les mains. Il faut dire que l’agence Seine-Saint-Denis Avenir, qui aurait pu exploiter le document, devait être dissoute quelques mois plus tard. Le document est resté inutilisé. Le conseiller général centriste Jacques Chaussat indique en avoir pris connaissance tout récemment. En juin 2011, le cabinet Sofred préconisait un « partenariat » entre le département et l’entreprise, pour porter ensemble la reconversion du site. La piste pouvait-elle être fructueuse? Stéphane Troussel en doute : « Le problème, c’est que la direction de PSA a toujours nié les difficultés, jusqu’au 12 juillet. Cette note n’aurait pas suffi à faire bouger les choses. » Le président du conseil général espère que le ministère du Travail mènera bien, comme il le lui a demandé, une « étude d’impact », afin d’évaluer les conséquences de la fermeture. Conséquences déjà esquissées dans les travaux de Sofred, qui a recensé 59 établissements liés à la filière automobile dans le 93, soit plus de 9000 salariés.
Source : Gwenaël Bourdon. Le Parisien du 9 octobre 2012.