PSA au tribunal après la mort d’un salarié à St-Ouen

Publié le 8 Janvier 2014

psa-logo.jpgLe soir, avant de partir au travail, Vincent Rémond avait une habitude : serrer ses deux petits garçons, Dimitri et Yvann, dans ses bras. « Un jour, le rituel s’est arrêté, raconte l’avocat Antoine Beauquier, dans une salle d’audience pétrifiée. Et à la famille de M. Rémond, PSA a rendu une montre, un téléphone portable, un baladeur. Ses proches souhaitaient que je rappelle la brutalité de cette disparition. » Ce jour, c’était le 1er avril 2009, au petit matin. Un coup de fil aux proches de Vincent Rémond, alors âgé de 30 ans, leur apprenait la terrible nouvelle. Le cariste venait de succomber à un grave traumatisme crânien, sur son lieu de travail, à l’usine Peugeot- Citroën de Saint-Ouen, où il travaillait de nuit.

Hier, un ancien salarié de l’usine, Mohamed C., et le groupe PCA (Peugeot Citroën 
Automobile) ont comparu pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Les débats ont duré cinq heures, s’appuyant sur une instruction fouillée… mais un flou, insupportable pour sa famille, persiste autour des circonstances de la mort du salarié. « On voulait la vérité, on ne l’a pas eue », résume dans un soupir Pierrick Rivaillon, beau-frère de la victime.

Vincent Rémond avait été retrouvé à 5h20, gisant dans son sang, près du chariot élévateur avec lequel il transportait des caisses de pièces détachées. C’est un autre cariste, Mohamed C., qui avait donné l’alerte, affirmant avoir trouvé son collègue à terre. Ses explications confuses le rendent vite suspect dans l’usine. Un graffiti sur son casier l’accuse d’avoir « tué Rémond ». Le 30 septembre 2009, en garde à vue, Mohamed C. avoue avoir heurté, avec son chariot, celui de la victime.

Hier, face aux juges, le prévenu de 47 ans, licencié depuis pour faute lourde, a répété d’une voix timide sa version : les deux chariots roulaient l’un vers l’autre, la victime aurait brutalement pivoté. « Je ne m’y attendais pas, j’étais surpris », assure-t-il. Vincent Rémond se serait alors, affirme-t-il, violemment cogné la tête contre les parois métalliques de sa cabine. « Mais les experts ont écarté l’idée d’un choc à l’intérieur du chariot », s’étonne le président de la 15e chambre. Mohamed C. ne répond pas. Maladroitement, il demande pardon aux proches du défunt. On n’en saura pas davantage. « C’était le destin », glissera-t-il à la fin de l’audience, arrachant une exclamation indignée à la veuve de Vincent Rémond.

Pour le substitut du procureur, l’accident tragique est sans doute lié à une imprudence, ou une « mauvaise blague » : « Je ne crois pas un instant qu’il ait voulu tuer M. Rémond. L’explication, c’est qu’il a fait n’importe quoi », résume-t-il, en requérant deux ans d’emprisonnement contre l’ancien cariste. L’avocat de Mohamed C., Me Didier Liger, a de son côté demandé la relaxe pour « défaut de preuves », invitant le tribunal à « aller chercher la responsabilité ailleurs que sur la tête de Monsieur C. » et pointant du doigt l’entreprise PSA, également poursuivie pour homicide involontaire.

Après la tragédie, l’inspection du travail avait pointé des « manquements » dans le dispositif de sécurité au sein de l’usine (absence de signalisation, évaluation insuffisante des risques, allées trop étroites)… Autant de points contestés par le groupe automobile, représenté par son seul avocat, Me Marc Borten : « Il y avait des instructions de sécurité, si elles avaient été respectées, l’accident n’aurait pas eu lieu. » Une peine d’amende de 50000 € a été requise contre l’entreprise, déjà condamnée en 2006 à Besançon pour homicide involontaire par personne morale. Le tribunal de Bobigny rendra sa décision le 11 février.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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