Près de 70 Européens présents sur les listes en Seine-Saint-Denis pour les élections municipales de 2014
Publié le 18 Mars 2014
ILS ONT GARDÉ leur nationalité d'origine et pourtant, ils n'hésitent pas à s'engager en politique dans leur pays d'accueil. Près de 70 Européens sont sur les listes en Seine-Saint-Denis pour les élections municipales, sur un total de 7 645 candidats, soit 0,9 %. En effet, depuis 2001, les habitants de l'Union européenne peuvent devenir conseillers municipaux, mais ni maire, ni adjoint.
Si on regarde dans le détail, la nationalité portugaise est, de loin, la plus représentée (trente-quatre candidats) suivie par les Italiens (douze) et les Espagnols (neuf). On trouve aussi, cette année, cinq Belges, quatre Polonais, trois Roumains, un Britannique, un Danois et un Allemand. Qu'est-ce qui pousse des étrangers à s'engager en politique en Seine-Saint-Denis ? Comment sont vécues les différences de fonctionnement des institutions avec leur pays ? Pourquoi n'ont-ils pas demandé la naturalisation ? Témoignages de candidats.
Raoul, le Portugais à Drancy. Raoul Rosa, 64 ans, est presque un vieux routier de la politique française. Il a en effet intégré la liste de Jean-Christophe Lagarde, à Drancy, en 2001, date à laquelle le n° 2 de l'UDI a emporté la mairie. « Quand je suis arrivé dans cette ville, j'ai tout de suite voulu participer à la vie de la cité, se souvient-il. J'ai donc assisté aux conseils municipaux, j'ai participé à des associations... » Rapidement, il croise la route d'un certain Jean-Christophe Lagarde qui le convainc de le rejoindre. Raoul s'occupait des questions de sécurité. « Quand j'ai été élu, j'ai considéré cela comme un grand honneur, ce fut pour moi, le Portugais, l'ultime étape de mon intégration, se rappelle-t-il avec émotion. Pour chaque émigré, j'étais devenu un exemple. » Reparti dans son pays en 2008, Raoul quitte le conseil municipal. Il finit par revenir en France l'année dernière et s'engage à nouveau, en 2014, aux côtés de Jean-Christophe Lagarde, en 33e position sur sa liste. Mais cette fois-ci, il vient de demander la naturalisation... pour pouvoir avoir plus de responsabilités.
Séverine, la Belge à Bagnolet. A 43 ans, Séverine Lebrun a déjà passé près de vingt ans en France dont les huit dernières années à Bagnolet. « J'ai découvert l'action collective au travers de mon engagement comme parent d'élèves, analyse-t-elle. En France, et surtout à Bagnolet, tout est politique contrairement à la Belgique où celle-ci est moins présente. J'ai commencé à me sentir vraiment citoyenne dans la ville et j'ai voulu aller plus loin. » C'est ainsi qu'elle se retrouve cette année sur liste PC de Laurent Jamet au 14e rang. « En Belgique, aux municipales, il n'y a qu'un tour, à la proportionnelle, poursuit-elle. Ici, c'est un scrutin majoritaire à deux tours. Ça change radicalement le fonctionnement au quotidien. » Comme Raoul, elle aussi vient de demander la naturalisation. « C'est plus simple quand on s'engage en politique mais je l'ai fait aussi car je peux garder ma nationalité belge ».
Stella, l'Italienne à l'Ile-Saint-Denis. Stella Cornic connaît bien la politique. Avant la France, elle la pratiquait déjà en Italie. « J'ai toujours été passionnée par la politique et je trouve qu'il n'y a pas meilleur moyen pour s'intégrer, souligne-t-elle. Car cet investissement permet de prouver notre volonté de vivre dans notre pays d'accueil. » Cette année, Stella est donc candidate en huitième position sur la liste socialiste à l'Ile-Saint-Denis, aux côtés de Christophe Rosé. Cependant, Stella n'a pas demandé sa naturalisation. « Je suis citoyenne européenne avant tout, affirme-t-elle. Et j'aime bien quand on m'appelle Stella, l'Italienne », sourit-elle.
Source : Le Parisien