Oxygène n°131 le magazine des habitants d'Aulnay-sous-Bois ou presque
Publié le 30 Mai 2011
Voici l'édition n°131 (ici) du magazine des habitants d'Aulnay-sous-Bois, dont le directeur de publication n'est autre que le maire de la ville, Gérard Ségura. C'est écrit page 20. Avec le recul, le passage à une périodicité bimensuelle me parait bon finalement. Si le journal perd en réactivité notamment par rapport aux blogs, ce changement de fréquence créé une sorte de manque qui me donne presque envie de lire la totalité du numéro ! Pour l'anecdote j'ai même cliqué jeudi dernier sur le site de la ville pour voir s'il était disponible !
Malgré la belle diversité des sujets évoqués dans ce numéro, c'est la page 8 qui a attiré instantanément mon attention. On y apprend qu'à mi-mandat l'exécutif en place appelle la population à donner son avis sur l'action municipale. Cette démarche semble un copier coller des ateliers Agenda 21. Il y a d'abord une phase d'écoute où les aulnaysiens à travers un questionnaire distribué dans les boîtes aux lettres pourront exprimer leur avis. Ensuite, une phase de dialogue avec les élus qui doit déboucher sur des propositions et un projet de ville à l'horizon 2012. En lisant cela, on a presque l'impression que la campagne pour les municipales de 2014 est déjà engagée !
Mais revenons sur le fond. Si associer, de la manière la plus large possible, la population aux décisions prises par nos représentants en mairie dans une sorte de co-élaboration est une démarche tout à fait louable pour ne pas dire de bon sens, il faut au moins avoir un minimum de crédibilité pour pouvoir la porter. Or, au regard de l'histoire récente, nos élus ont au contraire fait preuve d'autisme parfois couplé d'un cynisme affolant. L'exemple le plus flagrant connu à ce jour reste celui de la cité Arc en Ciel. L'histoire d'un projet immobilier littéralement imposé aux habitants avec un bétonnage tout à fait intolérable exploitant au maximum les possibilités du plan local d'urbanisme (PLU). Allez faire un tour rue Maurice Niles pour voir l'horreur de la construction en cours qui défigure totalement l'esprit du quartier.
N'oublions pas, non plus, la manière dont le collectif PLU est toisé par l'exécutif en place malgré le succès incontestable de sa manifestation organisée le 5 juin 2010 en mairie. En ce jour, sans précédant, près de 400 personnes réunies par le biais d'une dizaine d'associations réclamaient l'élaboration d'un projet de ville commun en concertation avec la population justement ! Quelle ironie, non !? A l'heure où s'écrivent ces lignes le collectif est totalement ignoré et les élus continuent tranquillement d'avancer leurs projets.
Et que dire enfin des conseils de quartier, ces outils, soi-disant démocratiques, permettant en principe aux habitants de remonter en mairie leurs préoccupations. Celui des quartiers Vieux-Pays- Roseraie- Bourg par exemple, pourtant réputé comme l'un des plus dynamiques, est en train de mourir. Les habitants ont pourtant fait des propositions concrètes, étayées d'argumentaires construits. Les élus les ont balayées d'un revers de main. Avec arrogance. En expliquant que les habitants n'avaient en fait aucun pouvoir ! Et surtout pas quand leurs projets n'allaient pas de le sens de la mairie ! Résultat des courses aujourd'hui : 8 habitants et 3 élus lors de notre dernière réunion à tourner en rond pendant deux heures !
Mais le plus choquant dans l'histoire et qui, de mon point de vue, constitue une faute totalement inexcusable est d'avoir attisé les quartiers les uns contre les autres. Le meilleur exemple en date reste ce tract estampillé PS, PCF, et Parti Radical de Gauche qui appelle clairement une partie de la population à se dresser et contre-manifester face à une autre. La responsabilité et le devoir de ceux qui nous gouvernent, quel que soit l'échelon, n'est-il pas de savoir prendre de la hauteur pour être capable d'apaiser les conflits entre les habitants plutôt que de les entretenir ?
Bon sang mais où sont passées les promesses du programme Aulnay renaît de mars 2008 où l'on peut lire en page 1 : ce projet est habité du souci de ne pas opposer les générations, les quartiers, les origines, mais de tout faire pour réunir la diversité des composantes de notre ville ? S'agissait-il de simples déclarations d'intention ? On peut se poser la question vu le climat délétère qui règne actuellement dans notre ville désunie.
En guise de conclusion, avouez qu'en confrontant les belles prétentions affichées en page 8 et la réalité des faits, on est en droit d'éprouver de sérieux doutes sur la sincérité de la démarche et surtout sur l'obtention de résultats tangibles. Bien sûr on peut toujours continuer à faire semblant et bercer les gens d'illusions. Au bout d'un moment ils finissent quand même par s'en apercevoir. Cela peut prendre du temps. Mais une fois le ressort de la confiance cassé, vous avez beau promettre monts et merveilles le mal est fait et on ne vous croit plus. La déception des habitants n'en est alors que plus grande.
Ils ont alors de la mémoire et le souvenir qu'ils possèdent un pouvoir incommensurable. Celui de sanctionner dans les urnes par leur bulletin de vote. Rien que pour cela j'ai une méchante envie d'être déjà en 2014 ! Pas vous ?
Stéphane Fleury