Miel de béton

Publié le 19 Février 2011

L'apiculture urbaine a de beaux jours devant elle. Les abeilles des villes se portent mieux que leurs consœurs des champs, protégées des pesticides et de la sécheresse. Aux Lilas (93), deux passionnés lancent une expérience de rucher.

La commune des Lilas (93) va prochainement entamer sa lune de miel avec l'Appis Melifera, plus connue sous le sobriquet d'abeille. Quoi de plus logique pour une ville au nom fleuri ! Et pourtant, les abeilles ne raffolent pas du lilas, préférant le laisser aux papillons, ce qui ne les empêche pas de polliniser près de 80% des espèces végétales présentes sur terre. Dans quelques mois, avec le retour des beaux jours, 4 à 5 ruches seront installées sur un terrain arboré de 1000m². Viendront alors s'y installer quelque 200 000 abeilles, environ 50 000 par ruche, colonisant jardins, potagers, balcons et espaces verts avoisinants.

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A l'origine de ce projet, deux amoureux de la nature, Andrée Cohen Schurgast et Miguel Pérez. La première a déjà mis un doigt dans le pot de miel, puisqu'elle est assistante au rucher du jardin du Luxembourg et a suivi il y a cinq ans la formation dispensée dans ce jardin parisien. Un cursus d'un an, alternant théorie et pratique, qui rencontre un vif succès, selon l'une des responsables de la Société centrale d'apiculture : "En l'espace de deux heures, nos 100 places pour la formation sont prises d'assaut." Effet de mode, loisir étiqueté bio, l'engouement pour les ruches et ses habitantes est bel et bien là, même en ville.

"Si vous rentrez dans le domaine des abeilles, vous ne pouvez plus en sortir, confie Andrée, cela touche à tout, de l'écologie avec le combat contre les pesticides et pour la biodiversité, à l'étude des plantes, la fabrication de produits issus de la ruche... et puis chez les abeilles l'individu n'est rien, c'est la collectivité qui est importante." La cohésion est aussi l'idée qui prévaut pour ces Lilasiens qui envisagent de faire de ce rucher urbain un lieu de rencontre et de partage intergénérationnel.

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L'initiative du rucher des Lilas n'est pas isolée, l'apiculture urbaine se développe de plus en plus. En témoignent la multiplication des formations au métier et la présence croissante de ruches à Paris (environ 200) et en Ile-de-France. "L'abeille des villes se porte bien mieux que l'abeille des champs" confie Nicolas Géant, un des rares apiculteurs de la capitale, qui s'occupe des ruches implantées sur les toits du Grand Palais, de la Tour EDF à la Défense, de Louis Vuitton, de la Tour d'Argent... Contrairement aux idées reçues, les abeilles se plaisent en ville : elles produisent de trois à cinq fois plus car la pollution est moindre, notamment celle des pesticides. Il y a moins de monocultures, une diversité plus importante de plantes mellifères, avec des floraisons espacées dans le temps. De plus, la ville souffre moins de sécheresse qui affecte plantes et butineuses.

Sur les vingt ruches que compte le jardin du Luxembourg, 1 184 kg de miel ont été produits l'année dernière, vendus en quelques heures. En attendant le printemps, les abeilles d'hiver, qui vivent plus longtemps que les butineuses (un mois environ), restent dans la ruche, s'agglutinent et battent des ailes sur place pour élever la température et atteindre les... 20°C.

Source : Adrien Chauvin Le Monde pour Direct Matin 11/02/2011

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Environnement

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