Manifestation aujourd’hui à Paris : le fol espoir des anti-mariage pour tous
Publié le 13 Janvier 2013
Les opposants au mariage pour tous se rassemblent aujourd’hui à Paris. Une démonstration de force en forme de défi pour François Hollande.
Et la première grande réforme de société de François Hollande, consacrée au mariage pour tous, se solda par… un divorce entre les Français! Voilà qui fait tache pour un président qui s’était donné pour ambition d’« apaiser » la société, accusant Nicolas Sarkozy de l’avoir secouée en tous sens.
Selon un sondage BVA pour « le Parisien Magazine » publié vendredi, le pays est divisé : 58% des Français sont certes favorables au mariage pour les couples homosexuels, mais 53% sont contre le fait qu’ils puissent adopter. Et depuis six mois ce fossé n’a cessé de se creuser. Combien seront-ils dans les rues cet après-midi à défiler contre le projet de loi Taubira? 300000, 500000, davantage? Egaleront-ils les cortèges de juin 1984, quand un million de personnes avaient battu le pavé contre le rapprochement de l’école publique et de l’école privée?
Cohorte de mécontents
Pour les organisateurs de cette Manif pour tous, la deuxième du genre, mais la première à rassembler à Paris des opposants venus de toute la France, il s’agit au moins de multiplier par deux les 200000 manifestants du 17 novembre dernier. Pour l’exécutif, qui bat des records d’impopularité, le grand danger est que vienne s’agréger aux détracteurs de la promesse n° 31 du candidat Hollande toute une cohorte de mécontents. Un paradoxe quand on sait que le chef de l’Etat, élevé dans la tradition catholique jusqu’au collège, n’a jamais été un fer de lance sur ce sujet.
Oui, mais voilà, à force de maladresses, le pouvoir a donné du grain à moudre aux opposants, droite et Eglise catholique en tête. En cause, la méthode Hollande. Comme dans l’affaire Florange, gros loupé de communication, le président a voulu ménager la chèvre et le chou. Inquiet d’un début de fronde chez les maires appelés à marier des couples de même sexe, il leur promet fin novembre la « liberté de conscience ». Avant de rétropédaler devant la colère des associations homosexuelles. Mi-décembre, sentant monter la grogne dans sa majorité, il fait savoir que le Parlement « souverain » est libre de débattre de la procréation médicalement assistée. Avant que cette proposition ne soit finalement renvoyée aux calendes grecques mercredi dernier.
Il faut dire que l’amendement envisagé risquait la censure du Conseil constitutionnel, avec à la clé des mois de procès en amateurisme. Cécile Duflot, sur les réquisitions des biens de l’Eglise, et Vincent Peillon, en rappelant à l’ordre le patron de l’enseignement catholique, ont aussi jeté du sel sur les plaies et contribué à mobiliser les opposants de dernière minute. Quelle que soit la mobilisation, la réforme « ira à son terme », a fait savoir le président dès mardi. A l’Elysée, on martèle que la rue ne défera pas ce qu’ont fait les urnes le 6 mai. Interpellé par les organisateurs de la Manif pour tous, qui réclament un rendez-vous à l’Elysée depuis plus d’un mois, le cabinet de Hollande a poliment décliné, en pleine opération militaire au Mali : « contraintes d’emploi du temps ».
Source : Le Parisien