Les migrants du Mali ou de Libye affluent à Montreuil. Elus et habitants interpellent le ministre de l’intérieur Manuel Valls
Publié le 5 Novembre 2013
Ils lancent un appel au secours. Pour éviter le drame de l’hiver dernier. Quand, sous la neige et par des températures négatives, des gymnases de Montreuil ont été ouverts à la hâte pour accueillir des centaines de migrants frigorifiés, fuyant la guerre au Mali ou en Libye. Quand, en voyant ces hommes, souvent seuls, dormir en bas de chez eux, des habitants de la ville ont ouvert leur jardin et leur maison pour les accueillir. Pour ne pas revivre ce scénario de la misère, des élus du conseil municipal, général et régional ainsi que des citoyens de Montreuil ont écrit au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et à la ministre du Logement, Cécile Duflot. Ils leur ont demandé « de mettre en place d’urgence une cellule de crise […] afin d’apporter des solutions de court, moyen et long termes à la situation et au traitement des populations migrantes fragilisées ».
Si, pour le moment, les réponses des ministres se font encore attendre, des centaines de migrants errent déjà dans les rues de Montreuil. Maliens sans domicile fixe ou familles de Roms qui s’installent, pour quelques jours, sur une parcelle de trottoir avant d’être délogées. A Montreuil, la mairie assure qu’il existe en permanence une quarantaine de squats pour les artistes, les militants mais aussi les miséreux. « Cela devient ingérable, reconnaît Belaïde Beddredine, conseiller général PC-Front de gauche du canton Ouest de Montreuil et l’un des signataires du courrier. Si la ville et le préfet ont trouvé des solutions pour les premiers afflux, cela est devenu impossible par la suite. Je crois que la ville ne peut pas à elle seule résorber cet afflux massif de migrants. »
Depuis cinq jours, le collectif Bara (son nom vient du foyer Bara où affluent de nombreux migrants) assure que 80 hommes célibataires se sont installés au 124, avenue Gallieni, à Bagnolet, dans les locaux vides d’une entreprise. Sur place, ils sont une quarantaine à tuer le temps autour d’un jeu de dames fabriqué avec un bout de cartons et des bouchons de bouteilles d’eau. Ils dorment à même le sol. Mais au chaud et avec l’eau courante. « La police est passée constater le squat hier, explique Mamadou Fofana, le porte-parole du collectif. On espère pourtant qu’ils pourront rester ici pendant l’hiver. » Mais comment gérer les afflux incessants de migrants? « C’est un puits sans fond, prévient Dominique Voynet, la maire (EELV) de Montreuil. Nous nous sommes démenés plus d’une fois pour trouver des solutions. Mais lorsque le consulat et l’ambassade du Mali renvoient tous les migrants vers Montreuil, c’est un problème insoluble. »
Source : Le Parisien