Les grévistes de PSA Aulnay-sous-Bois s’organisent

Publié le 25 Janvier 2013

PSARECUP« Bouteilles d’eau et café fumant dans un coin. Au mur, une affichette annonce que le « gréviste n° 270 » vient d’être recensé. Sur une autre, le numéro rouge que chacun peut joindre pour être informé des suites du mouvement. « Rouge, par opposition au numéro vert de la direction », glisse un ouvrier.

Cela fait une semaine que PSA a fermé les portes de son usine d’Aulnay aux équipes de production, mettant de fait les grévistes dehors. Alors ces derniers ont établi leur QG à la Bourse du travail, dans le quartier du Vieux-Pays. C’est là qu’ils reviendront ce midi, après avoir distribué leurs tracts à la gare du Nord à Paris. Là aussi qu’ils tiennent leurs assemblées générales « à huis clos parce qu’il y avait trop de gens qui passaient regarder ce qu’on faisait », glisse le délégué CGT, Jean-Pierre Mercier. « La grève se renforce », assure de son côté Mohamed Khenniche, délégué SUD.

Hier matin, à la fin de l’assemblée, la vaste salle était pleine. « Et d’autres vont arriver plus tard », assure Rachid, père de famille qui fait le trajet tous les matins depuis Noisy-le-Grand. Il fait grève pour que l’usine — censée fermer en 2014 — « reste ouverte jusqu’à [s]a retraite! » Les participants ont décidé d’aller en délégation auprès des maires de leurs villes de résidence. L’objectif : obtenir une aide financière. « Je suis tout seul pour Montreuil? », s’époumone un gréviste hirsute, l’air inquiet. Un petit groupe se prépare à partir pour l’hôtel de ville d’Aulnay, après avoir désigné son porte-parole. « Surtout, faut pas lui couper la parole! » Mimoun, sourcils froncés derrière de fines lunettes, pianote sur son portable. « Je vais demander l’aide de Laurence Rossignol, élue à Compiègne, explique ce quinquagénaire aux allures posées habitant l’Oise. Lors de la dernière grève de 2007 (NDLR : qui avait duré six semaines), elle nous avait soutenus! »

Certains trompent l’ennui en jouant aux cartes. Sur un mur, on a placardé les œuvres de dessinateurs engagés, comme Faujour, qui soutiennent le mouvement. En cuisine, Mohamed et Jamaah surveillent la cuisson d’un tajine géant pour le repas de midi. « Quarante kilos de cuisses de poulet », annonce fièrement Mohamed.

« On n’est pas des casseurs, ni des terroristes » (un gréviste, employé du montage)

L’ambiance est chaleureuse, loin du climat de violence décrit par la direction de l’usine, qui a prolongé au moins jusqu’à lundi l’arrêt de la production pour des raisons de « sécurité ». « On n’est pas des casseurs ni des terroristes! » assure un employé du montage. La plainte déposée par un huissier pour « coups et blessures », les jets de projectiles, les menaces décrits par la hiérarchie? « Franchement, les incidents, on ne les a pas vus, on ne les a pas créés », assure un jeune trentenaire employé du plateau de retouche, entouré d’une dizaine d’amis. Ils ont un point commun : celui de n’appartenir à aucun syndicat et de n’avoir jamais fait grève jusque-là. Le groupe tranche avec l’image habituelle de ces grévistes « durs » rompus aux débrayages et aux manifs. « On a l’impression d’avoir été mis de côté par PSA et par nos chefs », résume l’un d’entre eux.

Au mur, l’affichette annonce désormais 292 grévistes. D’autres actions doivent venir avant la séance de négociation au siège du groupe, mardi prochain à Paris.« 

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

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