Le site PSA d’Aulnay-sous-Bois a été bloqué hier par une grève qui a fait éclater le camp syndical en deux
Publié le 29 Janvier 2013
«Est-ce qu’on est d’accord pour poursuivre la grève? » Hier matin, à 7h15, dans l’atelier de montage, une clameur a suffi. La reprise annoncée après une semaine d’arrêt n’a pas eu lieu à l’usine automobile PSA d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Le mouvement n’est certes pas massif et il a coupé le camp syndical en deux, cependant il a paralysé la production. Dès 8 heures, le comité de grève, soutenu par la CGT, SUD et la CFDT, revendiquant 400 grévistes, « réoccupait » le PC 10, point central de l’atelier. La direction, elle, estimait hier soir le nombre de grévistes à moins de 200 et pointait un absentéisme « très fort dans les points les plus tendus de l’usine ». « Ils peuvent inventer ce qu’ils veulent, la grève a marqué un point », assurait de son côté le délégué CGT, Jean-Pierre Mercier.
Des huées mais aucun heurt
Juste avant de rouvrir le site, resté fermé durant plus d’une semaine pour raisons de « sécurité », le directeur, Laurent Vergely, briefait encore ses troupes sur les agissements d’un « noyau minoritaire » de syndicalistes, réputé violent. Mais, à l’exception de quelques huées à l’approche des cohortes de cadres arpentant les allées (et renforcées pour l’occasion par 200 volontaires venus d’autres sites), aucun heurt n’a été observé. Les non-grévistes étaient, là aussi, désœuvrés le long des lignes à l’arrêt. « Le chef nous a dit d’aller à nos postes, mais on sait que les grévistes ne veulent pas », glisse l’un d’entre eux, craintif. L’huissier qui avait déposé plainte la semaine dernière pour « coups et blessures » était à pied d’œuvre lui aussi, plutôt souriant. Hier soir, la direction annonçait avoir mis à pied à titre conservatoire quatre grévistes soupçonnés d’avoir agressé l’officier ministériel le 18 janvier. Parmi eux, Agathe Martin, déléguée CGT, s’en est farouchement défendue : « Je suis pacifique, comme tout le monde ici. »
Les syndicats (SIA, CFTC, FO et CGC) ayant appelé à « lever le mouvement » ont prudemment gardé leurs distances. Passant dans l’atelier, Tanja Sussest, responsable du SIA (Syndicat indépendant de l’automobile), s’est attiré des invectives. « Certains disent que j’ai trahi, mais ils sont 250, rétorque la syndicaliste. Moi, je représente tous ceux qui bossent. » Grévistes ou non, tous les syndicalistes seront ce matin à Paris (lire ci-contre) pour une séance de négociations dont le résultat sera scruté à Aulnay.
Source : Le Parisien