Le grand mercato des collaborateurs des maires battus aux élections municipales en Seine-Saint-Denis
Publié le 4 Avril 2014
En Seine-Saint-Denis, ces municipales ont rebattu radicalement la carte politique. Dix mairies sur quarante ont viré de bord. Du jamais-vu dans le département. Dans le sillage de ces révolutions de palais, s'amorce le grand mercato des collaborateurs de cabinet. Exemples à Saint-Ouen, bastion communiste depuis l'après-guerre, est passé à droite et à Aubervilliers redevenu communiste. .. « Lundi prochain, je serai au chômage », lâche Mickaël Dahan, directeur de cabinet de Jacques Salvator, maire PS d'Aubervilliers battu dimanche par son challenger communiste. Dans son bureau jonché de cartons, il est sur le départ. « Nous sommes engagés sur des contrats qui nous lient à la personne du maire et donc ils se terminent à la fin du mandat », précise-t-il. Une relation privilégiée et précaire. « La confiance avec l'élu est déterminante. Si elle est rompue, nous pouvons être remerciés du jour au lendemain. » Le bras droit de Jacques Salvator avait signé en connaissance de cause. « Nous savons que nous sommes sur un siège éjectable. » Il avait devancé l'appel en 2008. Il avait quitté son poste de chef de cabinet à la mairie du 20e à Paris pour rejoindre Salvator en pleine campagne électorale. Un coup de poker qui colle à l'état d'esprit de ces « mercenaires » de la politique. Ce sont avant tout des militants. Mickaël Dahan a fait ses armes à l'Unef où il a été secrétaire général et affiche 20 ans de fidélité au PS.
« Une fois qu'ils ont accepté ce job ils sont marqués. Ils assument les conséquences qui peuvent être brutales », reconnaît l'un de ses collègues. Mickaël Dahan ne peut pas espérer rebondir en douceur dans l'administration, il n'est pas fonctionnaire.
Pour ces collaborateurs engagés à gauche, les lendemains de défaite s'annoncent difficiles en Seine-Saint-Denis. D'autant plus que beaucoup ne l'avaient pas vu venir. « C'est douloureux. Le téléphone s'arrête de sonner. Le monde tourne sans vous. Ce qui me met un coup sur la tête ce n'est pas tant un échec personnel que de voir un bastion PC passer à droite », confie un conseiller à Saint-Ouen.
« Avec la Bérézina du PS cela va être plus compliqué de trouver du travail », reconnaît Mickaël Dahan. Au cabinet de Stéphane Troussel, président PS du conseil général de Saint-Denis, les CV affluent depuis dimanche. « Nous en avons reçu une vingtaine émanant de villes de Seine-Saint-Denis. Désormais, il nous en arrive du 92 et même de la ville de Paris. Et nous nous attendons à en recevoir maintenant de toute la France. »
A cette hécatombe, il faut ajouter les assistantes. Détachées auprès du cabinet du maire ou affectées à un élu, il faudra leur retrouver une place dans les services. Leur retour est toujours délicat car elles risquent d'être placardisées par la nouvelle équipe. Omar Aït-Bouali, maire-adjoint à la jeunesse à Aubervilliers prévient : « Les collaborateurs connaissent les règles du jeu. Pas elles. Si on ne s'occupe pas d'elles, elles vont être broyées. »
Source : Le Parisien / Photo : Wikipédia