Le Blanc-Mesnil : les mamans voilées ne veulent pas être privées de sorties scolaires

Publié le 13 Novembre 2013

blanc-mesnil-voile.jpgPour la banderole, qu’elles comptent déployer au pied de la Direction académique cet après-midi à Bobigny, elles ont fait appel à un graffeur local, Buldo, plus expert qu’elles dans le maniement des bombes de peinture. Pour le slogan, elles ont repris celui de leur collectif : « Sorties scolaires : avec nous. » Ces mères de famille du Blanc-Mesnil, pour beaucoup élues aux conseils d’école, regrettent de n’être plus bienvenues lors des sorties scolaires, à cause de leur voile. 

« Ça a commencé à la rentrée 2012, avec la nouvelle circulaire », se souvient Mylène. La directrice l’a avertie qu’avec « de nouvelles directives, on ne pouvait plus accompagner si on portait le foulard ». « J’ai toujours accompagné les sorties, je n’ai pas compris pourquoi ça a tout à coup changé, j’en ai pleuré », poursuit-elle. Rachida explique qu’on lui a demandé de « camoufler son voile sous un bonnet » pour aller à la Cité des sciences, à Paris. « J’y suis allée, sans rien changer, et j’ai vu bien d’autres mamans, accompagnatrices et voilées elles aussi. Depuis, l’école ne fait plus appel à moi. » Mylène, elle, a cédé, en mettant un bonnet et un col roulé, mais elle ne pense pas que ce soit la solution.

Rapidement, ces mamans qui fréquentent chaque semaine la Maison des Tilleuls, au Blanc-Mesnil, ont découvert qu’elles étaient plusieurs dans la même situation. « Au Blanc-Mesnil, une femme sur deux est voilée! » assurent-elles, citant une demi-douzaine d’écoles maternelles et élémentaires concernées. « L’Education nationale veut qu’on soit partenaire, et du jour au lendemain on devient un danger. Mais en nous excluant ce sont nos enfants qu’on stigmatise… » enchaîne Rachida. Le sien l’a interrogée sur le fait qu’elle n’accompagnait plus sa classe. « J’ai demandé à la maîtresse de lui expliquer, je ne sais pas si elle l’a fait », poursuit-elle. La distance semble s’être installée. Les mamans ne font plus de gâteaux pour l’Aïd, comme avant.

« Le but de l’école est d’apprendre à vivre avec l’autre, je ne m’offusque pas qu’on parle de Noël à mes enfants alors qu’ils ne sont pas chrétiens », reprend Feirouz. La tentation de boycotter ces sorties, un temps suggéré, a vite été oubliée. « On ne veut pas pénaliser nos enfants, on paye la coopérative pour faire ces sorties, en ZEP (NDLR : zones d’éducation prioritaire), les équipes font tout pour nos enfants », pense Mylène. Soutenues lors du congrès des centres sociaux à Lyon en juin, ces mamans ont créé leur collectif à la rentrée 2013. L’idée d’un rendez-vous à la Direction académique a été appuyée par la députée communiste Marie-George Buffet, élue du Blanc-Mesnil : « Je suis intervenue pour permettre un dialogue, dans le respect de la laïcité. » Cette valeur, la parlementaire y tient, « en tant que féministe et progressiste ». « Pour être partagée, la laïcité doit être comprise », estime-t-elle.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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