Le Billet de Veritis : La République des sondages !
Publié le 15 Mars 2011
Moi, les sondages ça m’a toujours fait marrer ! A force de faire des sondages, on va finir par supprimer les élections…
Echantillons, panels représentatifs, statistiques, données brutes, données redressées : tout ce beau langage de spécialistes n’arrive pas à masquer à la fois l’intérêt, mais aussi les terribles limites d’un tel exercice !
D’abord, les sondages ne sont qu’une photo, à un instant précis. Quant au fait de savoir si cette photo est vraiment fiable ou plus ou moins floue, c’est assez difficile à dire. Il y a ce que les statisticiens appellent l’intervalle de confiance ou la marge d’erreur ! Et celle-ci peut représenter deux à trois points…Alors, lorsque les candidats sont dans un mouchoir de poche, c’est tout dire !
Et puis, il y a les fameux coefficients de redressement des données brutes. Pourquoi cela ? Parce que les gens lorsqu’ils répondent aux sondeurs ne disent pas forcément la vérité, particulièrement lorsqu’il s’agissait de J.M. Le Pen. C’est ainsi que le responsable d’un institut de sondage vient d’avouer récemment que lors du fameux premier tour d’Avril 2002, qui vit la défaite de L. Jospin, Le Pen était en réalité pointé à 7% puis redressé à 14% par les sondeurs, à l’issue d’un rapprochement entre les intentions affichées et les votes anciens des sondés, comparés aux résultats réels. Or l’on sait que Le Pen finit à plus de 17% et élimina Jospin.
Tout cela est donc assez fragile. On peut ainsi se poser la question de savoir quel est le coefficient de redressement appliqué à Marine Le Pen. Est-il le même que pour son père ? Mais là, secret professionnel ! Or, rien ne dit aujourd’hui, que les sondés ne se lâchent pas davantage en désignant M. Le Pen, de sorte que ce fameux coefficient n’est peut-être plus du tout significatif.
Il y a un autre phénomène gênant s’agissant des sondages, c’est ce qu’on appelle la prophétie auto-réalisatrice. Il s’agit, en fait, de la prime au vainqueur supposé. Ainsi, par exemple, S.Royal ne fut désignée en 2007 par les militants du PS que parce que les sondages la donnaient comme étant la mieux placée pour l’élection présidentielle.
Le dernier point sur lequel il faut insister, c’est que ces sondages ne sont pas réalisés aujourd’hui sur de vrais candidats, mais seulement des candidats putatifs. De sorte que cela change bien des choses. Que penser ainsi de quelqu’un qui est, aujourd’hui, à Washington et dont les scores flatteurs doivent, peut-être, beaucoup à son éloignement ?
Il ne faut pas oublier que les sondages anciens réalisés un an avant l’échéance se sont à peu près tous trompés !
D’ici là, donc, de l’eau aura coulé sous les ponts…