Le Billet de Veritis : Aulnay et Chicago, même combat !
Publié le 15 Décembre 2010
Aulnay et Chicago, même combat !
Décidément nous sommes abonnés à la loi des séries…
Il y a peu de jours, c’était la police qui faisait la Une de l’actualité. Hier nous avons eu droit aux voyous. Etonnant mélange des genres….Tout se passe alors, dans notre société médiatique, comme si chacun occupait, à tour de rôle, le devant de la scène dans un ballet dangereux qui, cette fois-ci, aurait pu être sanglant.
Mais il ne faut pas confondre flics et voyous. Le cinéma a beau présenter les uns ou les autres, sous des abords plus ou moins sympathiques dans une relation souvent complexe et parfois ambiguë, il n’en demeure pas moins que force doit rester à la loi. Les citoyens, et particulièrement les plus faibles, ne s’y trompent pas.
Attrait pour le spectaculaire, le sensationnel, l’image choc, la peur rétrospective… Tout y passe pour que les medias accourent en masse pour relayer des faits divers navrants porteurs d’émotions bien légitimes. Mais il faut bien prêter attention à tout cela. Bien souvent, la dictature de l’émotion fait le lit de toutes les récupérations, de tous les excès ou slogans faciles.
De la peur à la recherche de boucs émissaires, il n’y a donc qu’un pas que l’on peut franchir aisément. Couleur de peau, origine sociale, … il faut prendre garde à ne pas tout confondre.
Des voyous, il en existe de toutes sortes : des grands, des moyens ou des petits…Comme une sorte de chaîne invisible mêlant rapport à l’argent et détournement de la loi.
Cela commence par les trafiquants d’armes, les trafiquants de drogue et les proxénètes.
Quand on fait le compte de ce que représente cette criminalité organisée aux quatre coins de la planète, on est proprement ébahis. On l’est encore plus quand on suit les circuits de blanchiment de cet argent ainsi recyclé.
Cela continue par la corruption aux plus hauts niveaux des Etats, laquelle bien entendu se décline ensuite à tous les échelons, par une sorte de systèmes parallèles qui gangrènent les rapports sociaux et les circuits de décision (commissions diverses, rétro- commissions, bakchichs, etc).
Cela se poursuit par la délinquance en col blanc, type Madoff ou autres, qui constitue une sorte de criminalité financière organisée dont les ravages peuvent être destructeurs, au point de mettre en péril, par effets en cascade, tel ou tel établissement.
Dans tous ces exemples, on voit bien qu’il s’agit là d’une illustration parfaite d’une société malade de son rapport à l’argent et à la morale.
Dans une société où tout paraît se résumer à la quantité d’argent que l’on gagne ou que l’on possède, les tentations sont grandes pour ne pas respecter les commandements élémentaires de la morale. Plus ou moins feutrés, ou plus ou moins violents, de tels agissements entrainent un délitement de la société, dont il faut bien mesurer tous les dangers.
Qu’opposer à tout cela ?
Probablement, le métier, l’art et la culture. Autant dire aussi : l’éducation et la formation.
Et c’est là où le parallèle avec Chicago s’impose assez facilement.
La violence ou la musique.
Aux violences raciales, et aux trafics en tous genres se traduisant par des règlements de compte répétés, il s’est agi de substituer des chants ouvrant la voie à une sublimation de la souffrance et à des cris d’espoir en l’avenir. C’est ainsi qu’est né le blues à Chicago. Identité d’un peuple à travers une musique, expression d’un vivre ensemble, conciliant à la fois l’expérience du passé et une certaine vision du futur. Et c’est bien pourquoi l’initiative du festival Aulnay All Blues est particulièrement bienvenue.
La violence ou l’éducation.
Il n’est pas indifférent, je crois, que le Premier Président noir des Etats-Unis, ait été aussi dans sa jeunesse, un « facilitateur » ou un « éducateur » auprès de la jeunesse en difficulté des banlieues pauvres de Chicago. La violence est toujours la marque caractéristique de ceux qui ne savent pas utiliser les mots pour se faire entendre. La violence est toujours le signe d’un échec personnel ou social. Cela ne veut pas dire qu’elle est tolérable. Bien au contraire, car il faut être impitoyable devant toutes formes de violence. Cela signifie seulement qu’il faut tenter d’éradiquer tous les germes potentiels d’une telle violence.
La violence ou la formation.
Il ne s’agit pas ici de faciliter une sorte d’assistanat béat ou une sorte de charité de bon aloi. Il s’agit de former des individus autonomes et responsables et dés lors capables de s’intégrer et de trouver leurs voies à travers des activités socialement utiles. Cela devrait d’abord être le rôle des parents, puis celui de l’Education nationale. Mais cela serait facilité assurément si notre société se recentrait sur des valeurs authentiques telles que l’effort et non la facilité, l’éducation et non le laissez aller, la formation et non la paresse, au lieu de succomber aux sirènes faciles de l’argent roi.
Mais, indépendamment des conditions de vie et de travail qui peuvent s’avérer parfois assez dure, le refus d’une telle facilité incombe à chacun de nous en son âme et conscience Personne ne peut donc s’exonérer de ses propres manquements ou turpitudes.
Car s’il peut exister des responsabilités collectives, il ne demeure, en dernier ressort, que des attitudes et des responsabilités individuelles. Le leitmotiv de la « faute à la société » est donc un slogan un peu trop facile pour qu’on n’y regarde pas de plus prés.
Veritis.