Le Billet de Veritis
Publié le 6 Décembre 2010
La face cachée d’un certain « socialisme »…
J’aime bien les mots de social (isme ) ou de commun (isme).
Pourquoi ?
Parce que les mots de société et de social(isme) ont la même racine : (soc) . A partir de là on peut décliner : socle, socio, sociabilité, …. C’est l’idée de « faire société », de « vivre ensemble » qu’il faut retenir ici. Mais tout le monde sait bien que cela veut dire aussi : fixer des règles et les respecter. Pour le bien de la société toute entière et non pas pour une partie (ou un parti).
Parce que les mots de communauté et de commun(isme) ont la même racine : (commun ). Il en va de même pour l’idée de commune, le fait de mettre en commun ou de partager. Du mot partager on arrive facilement à l’idée de participation. De l’idée d’ « être avec » on en vient facilement au mot de concertation. On a alors le souci et le respect du bien commun. Là aussi, pour toute la communauté des êtres humains, et non pas pour telle ou telle fraction.
Mais, pour équilibrer tout ça, je dirais que j’aime aussi bien les mots d’individu et de responsabilité.
Pourquoi ?
Parce que le mot individu signifie aussi « ne pas être divisé ». En d’autres termes être un, uni ou unifié. A partir du moment où l’on devient « un », on n’est plus écartelé ou désuni, on rassemble en soi-même ses forces et dés lors on se sent capable d’être responsable, ce qui veut dire : « être capable de répondre ». On intègre la difficulté du réel, la complexité des choses, on se garde des slogans simplistes ou des positions binaires. On réfléchit par soi-même et on ne se contente plus du « prêt à penser » tout fait que l’on veut bien nous servir ici ou là. On devient alors aussi, un homme (ou une femme) dans la cité, autant dire un(e) citoyen(ne).
En revanche, je n’aime pas beaucoup les mots en « isme ».
En effet dans les mots qui se terminent en « isme », il y a toujours le danger toujours possible d’une dérive, d’un excès, d’un dévoiement. L’idée aussi d’une doctrine réductrice qui ne reconnaîtrait pas la fécondité de l’autre et se replierait sur elle-même au nom de valeurs ou d’une certaine idée du « bien » pouvant conduire dans leur logique folle à toutes les pressions ou menaces, tous les excès ou débordements.
Il en va ainsi du sectarisme, du fondamentalisme ou même de l’individualisme à outrance. Bref, tout ce qui coupe, sépare, éloigne, et divise.
Dés lors il est vain d’opposer l’individu à la société ou la société à l’individu. Toute société qui écrase d’une façon ou d’une autre l’individu est méprisable et doit pouvoir être combattue. Tout individu qui ne respecte pas la société par excès de pouvoir, prédation ou oubli de ses règles doit pouvoir être remis à sa place ou, au besoin, combattu.
C’est dans ce cadre d’ailleurs que certains pensent que nous vivons de plus en plus aujourd’hui dans un univers qu’ils nomment, au croisement de la sociologie et de la psychologie, un « individualisme de masse ». Dés lors, et pour forcer un peu le trait, il est permis de craindre que ni les individus ni la société n’existent véritablement et que l’individu a toutes les chances de se perdre en une sorte de « masse » plus ou moins indifférenciée.
Deux images caractéristiques illustrent ce propos :
- L’automobiliste, seul dans sa voiture, pris dans un embouteillage quotidien sur des autoroutes ou routes surchargées. Seul au milieu de tous, prisonnier d’un instrument fait en principe pour sa liberté.
- L’usager des transports en commun, perdu dans ses rêves ou son journal, à demi ensommeillé le matin, fourbu après son travail le soir, pressuré dans des rames surchargées et le plus souvent replié sur lui-même.
Mais revenons maintenant à ces fameux mots en « isme » pour examiner le cas échéant le décalage voire le gouffre qui sépare les mots de la réalité et focalisons-nous sur le mot « socialisme » à travers deux faits d’actualité très récents, l’un dans un pays étranger et l’autre dans notre bon « pays » de France.
1. Dans un pays africain, cher à la France, un Président, membre de « l’Internationale socialiste », a perdu, ces derniers jours, les élections de façon assez nette et a décidé, malgré cela, de ne pas renoncer à ses fonctions, au mépris de toutes les règles démocratiques. Au mépris des résultats annoncés par une commission électorale indépendante et placée sous l’observation de L’O.N.U. Avec l’aval d’une Cour constitutionnelle à la botte d’un « Président » qui confond son intérêt et celui de son clan avec l’expression d’un peuple qui a eu le toupet de s’exprimer d’une façon déplaisante pour lui.
Exemple significatif d’un individualisme qui ne respecte « la masse » que si elle sert ses intérêts. Où est le « socialisme » là dedans ? Un simple paravent pour un « pouvoir personnel ». De beaux mots qui ne servent qu’à masquer un appétit insatiable de pouvoir avec tous les avantages qui vont avec. Rien de plus, mais rien de moins. Triste histoire assurément !
2. Dans une région du sud de la France, il était une fois deux frères, membres du Parti socialiste, dont l’un occupe un poste envié de sénateur et de président du conseil général et l’autre est un homme d’affaires spécialisé dans le traitement des déchets, aux comptes (peut être trop ?) florissants, dormant depuis peu en prison.
Que reproche-t-on à ce monsieur ? Pas moins que : « tricheries sur les pesées de déchets, recours à des sous-traitants proches du grand banditisme (d’où les soupçons de blanchiment), trafic d’influence pour procurer des appartements HLM à des « amis » ou pour faciliter l’obtention de certains marchés publics ». D’aucuns disent que « Monsieur Frère avait développé une certaine emprise sur des élus et des fonctionnaires, fondée sur un mélange d’intimidation, de charme et de contreparties. », qu’il « avait prise sur le Directeur de la propreté, qu’il aurait recruté lui-même, moyennant un très bon salaire, afin que les sociétés choisies par ce dernier soient avantagées ».
Depuis longtemps, déjà, des rumeurs bruissaient sur « l’étrange omniprésence de ce monsieur, en contrat avec l’office H.L.M que présidait son frère, et par ailleurs président de la commission d’attribution des cartes de la fédération du P.S. laquelle était verrouillée par ce même frère ! ». Etonnant mélange des genres, à priori, entre présomption d’affairisme ou corruption et politique….Alors, que devient le « socialisme » là-dedans ? Qu’en penseraient Blum ou Jaurès ?
Que retenir de tout cela ?
Qu’il y a parfois loin des discours à la réalité. Qu’une société n’existe véritablement que si elle respecte des règles définies en commun et l’ensemble des individus qui la composent. Que tout ce qui ressemble à un ostracisme, à du favoritisme ou à des passe-droits n’a pas droit de cité dans une société juste et équilibrée. Que la liberté d’expression et la sécurité doivent être garanties à chacun des citoyens. Que la confiance, la probité et l’honnêteté ne sont pas de vains mots mais les réquisits indispensables de tout comportement individuel et de toute vie en société.
Alors, nous pourrons peut-être parler d’un monde civilisé.
Veritis.