L’usine de méthanisation à Blanc-Mesnil et Aulnay-sous-Bois fait débat !
Publié le 7 Février 2014
Au Blanc-Mesnil, le projet d’usine de méthanisation, qui devrait sortir de terre en 2018 en bordure d’Aulnay-sous-Bois, est loin de faire l’unanimité. Porté par le Syctom -l’agence métropolitaine des déchets ménagers (84 villes)- et le Siaap -le syndicat d’assainissement de la région parisienne- il vise à créer un équipement capable de recycler les boues rejetées par la nouvelle usine d’épuration de la ville et les déchets organiques, pour produire du biogaz et du compost. Un « atout écolo » disent les uns, « un danger sanitaire et olfactif » rétorquent les autres…
DIDIER MIGNOT, MAIRE SORTANT ET CANDIDAT PC-FG. « Ce projet mettra en synergie le Siapp et le Syctom pour traiter les eaux usées et les ordures ménagères. Il n’a rien à voir avec celui de Romainville [décrié, il avait été annulé par le Tribunal administratif en avril 2013]. L’usine de Blanc-Mesnil est 10 fois moins importante et il s’agit d’une collecte de biodéchets organiques. Ce qui peut être dangereux dans ce type d’équipement, c’est quand il traite le tout-venant des poubelles car c’est le tri mécano-biologique de ces déchets qui provoque parfois des incidents. Ce n’est pas le cas chez nous. Il nous faut aussi prendre nos responsabilités : en 2015, l’incinération et l’enfouissement des déchets seront interdits et les villes qui ne trouveront pas de solution alternative paieront des amendes. Qu’il y ait de l’inquiétude des habitants par rapport à un site industriel, c’est légitime. Mais il n’est pas raisonnable pour des opposants politiques de jouer sur des peurs qui n’ont pas lieu d’être. Mieux vaut ouvrir le débat comme nous l’avons fait, en organisant des réunions. Une enquête publique sera aussi lancée. Je reste mobilisé et méfiant, notamment sur la question des nuisances olfactives. Le conseil municipal a voté à l’unanimité l’adoption d’une charte qui permet à la ville d’obtenir un suivi des contrôles et des informations à tout moment. Si je n’ai pas ses garanties, je ne délivre pas le permis de construire. »
THIERRY MEIGNEN, CANDIDAT UMP. « Le permis de construire n’est pas encore délivré, l’enquête publique n’a pas commencé. Si je suis élu, je tordrai le coup à ce projet. Je ne nie pas qu’il faille trouver des solutions à l’enfouissement et l’incinération des déchets mais ne mettons pas cette usine dans un site d’urbanisation dense. Elle n’a pas sa place dans ce quartier. Je me suis aussi renseigné sur ce qui se faisait en Allemagne ou en Suisse allemande, deux pays pionniers en matière de méthanisation. Ces pays-là reviennent en arrière, ils se sont rendu compte que les composts produits et répandus sur les cultures agricoles polluaient les sols. En France, les habitants proches de ces usines se plaignent souvent des odeurs, avec à la clé la perte de valeur de leur patrimoine immobilier. On ne peut pas dire’non’à la gare de triage de Drancy et’oui’à ce type d’équipement. Au Blanc-Mesnil, nous avons l’usine de traitement des eaux usées du Siapp, l’usine chimique L’Oréal, l’aéroport : il faut répartir les charges, nous ne sommes pas la poubelle du département ! »
EDWIN LEGRIS-LAURENT BENHAIM, CANDIDATS DVD. « La ville de Blanc-Mesnil est coincée entre les autoroutes A1, A3, la gare de triage de Drancy, les aéroports : nous sommes déjà la zone la plus polluée de France. Et nous avons aussi la société Air Liquide [entreprise spécialisée dans les gaz, technologies et services pour l’industrie et la santé] qui monte en puissance. Les problèmes territoriaux à régler sont nombreux, rien ne sert d’en rajouter. On a beau dire que la gestion du méthane est sans danger, implanter une telle usine ici n’est pas une bonne idée. Nous ne nions pas qu’il y a des besoins mais pour Blanc-Mesnil, on a déjà assez chargé la barque. En l’état, si nous sommes élus, nous mettrions le projet en suspend pour regarder de plus près les tenants et les aboutissants comme l’implication de la ville à long terme vu que c’est un site qui est destiné à évoluer, en termes de volume de déchets traités… »
MARC BOULANGER, CANDIDAT DVD. « La problématique de gestion des déchets est exponentielle dans les villes. Au Blanc-Mesnil, la croissance démographique se traduit par l’arrivée de nouvelles infrastructures, quartiers, habitations… Il faut donc trouver des solutions pour la création d’un environnement durable et favorable à une gestion des déchets sur la commune. A ce stade, il me semble important de proposer malgré tout un cadre d’actions qui seront à réaliser en parallèle du projet de construction de l’usine de méthanisation, comme la mise en place d’un programme de sensibilisation de masse auprès des populations sur la problématique et les enjeux d’une gestion de nos déchets ou l’obligation de développer des bassins d’emploi dans cette filière, en y associant dès le départ des structures de formations professionnelles, voir en en créant de nouvelles. Le ministère de l’Emploi et les structures d’appui et de pilotage de ses missions doivent participer aux travaux dans ce sens. L’accompagnement par un cabinet externe à une bonne gestion technique et financière de la future usine de méthanisation ainsi que l’aide aux communes dans la gestion et le contrôle du site sont aussi essentiels. »
FLORENCE BEDAGUE, CANDIDATE LO. « Il est de la responsabilité des communes et des agglomérations de traiter les déchets qu’elles produisent. Mais il n’y a pas de solution merveilleuse. Toute activité industrielle est potentiellement dangereuse pour la population. D’autant que le critère de fonctionnement de ce type de structures, c’est la rentabilité, donc les économies sur le personnel, qui impactent nécessairement la sécurité, dans quelques secteurs d’activité que ce soit. Nous restons donc méfiants, à l’écoute de la population. L’usine de méthanisation, c’est un équipement qui sera utile mais il faut vérifier que ce sera fait dans un cadre où les meilleurs moyens seront mis en place. Si nous sommes élus, on écoutera ce que pensent les Blancmesnilois sur cette usine de méthanisation, nous inviterons la population à mettre son nez dans ce dossier, en lui donnant le maximum d’éléments. Le vrai danger objectif pour la ville, c’est la gare de triage de Drancy. Il faut regarder ce problème en face. »
Source : Le Parisien