L'activité du Crédit Municipal de Paris s'est envolée en 2009.
Publié le 11 Janvier 2010
L'ex-Mont-de-Piété à vu sa fréquentation exploser en 2009. Chaque jour, plus de 500 clients ont gagé un bien pour obtenir un prêt d'une année. Les encours de crédit du groupe ont augmenté de 15% en un an et de plus de 30% en deux ans.
D'abord, un peu d'histoire...
Le premier Mont-de-Piété français a vu le jour en 1577 à Avignon, suivant l'exemple italien du "monte di pietà", institution caritative créée en 1462 par un moine pour lutter contre l'usure. C'est en 1637 que le mont-de-piété ouvre ses portes à Paris sous l'impulsion de Théophraste Renaudot. Mais un arrêté interrompt ses activités sept ans plus tard, lorsque le fondateur de "La Gazette" perd ses défenseurs. Louis XVI rétablit l'institution de prêts sur gages le 9 décembre 1777 pour lutter contre les usuriers devenus de plus en plus nombreux. Le mont-de-piété s'installe alors à l'adresse actuelle, entre la rue des Blancs-Manteaux et la rue des Francs-Bourgeois, dans le 4é arrondissement de Paris. Au début du XIXé siècle, il se voit accorder par Napoléon le monopole des prêts sur gages et ouvre de nouvelles succursales. En 1918, le mont-de-piété devient Crédit Municipal de Paris et amorce le développement de ses activités bancaires, parallèlement aux prêts sur gages. Il est soumis à la loi bancaire de 1984.
Une activité qui s'envole en 2009...
Depuis mai 2009, ils sont chaque mois plus de 1000 clients à franchir, pour la première fois, la porte du 55, rue des Francs-Bourgeois, à Paris. Ils viennent y déposer en gage des bijoux, des tableaux ou tout autre objet personnel de valeur, afin d'obtenir un prêt d'un an qui leur permettra de "tenir" quelques semaines ou quelques mois, en attendant des jours meilleurs. La fréquentation du Crédit Municipal de Paris n'a cessé de progresser à mesure que s'étendait la crise. Cette année, l'institution a accordé chaque mois entre 7 et 8 millions d'euros de prêts sur gage (nouveaux prêts et prêts renouvelés), contre 5 à 6 millions d'euros par mois en 2007 et 2008. Du coup, début décembre, les encours de l'ex-Mont-de-Piété atteignaient 87,24 millions d'euros. C'est 15% de plus qu'à la même époque l'an dernier, 31% de plus qu'il y a deux ans. " Nous sommes un révélateur de l'état de l'économie française : notre activité est très liée à la courbe du chômage et au moral des ménages. Nous connaissons depuis la mi-2007 une croissance exceptionnelle et préoccupante, car malheureusement, on ne voit pas très bien ce qui va l'arrêter dans les mois qui viennent ", commente Bernard Candiard, le directeur général de l'établissement.
Le Crédit Municipal de Paris prête entre 50 et 70% de la valeur du gage, à partir de 30 euros et sans plafond, à des taux d'intérêt qui oscillent entre 4 et 15%. La moyenne des prêts par client est de 780 euros. Près d'un million d'objets sont aujourd'hui stockés dans les magasins du groupe. L'immense majorité des biens (93%) sont récupérés par leurs propriétaires avant l'année d'échéance du prêt. Au-delà d'un an, si les gages ne sont pas renouvelés, ils sont mis aux enchères, le produit de la vente servant à rembourser le prêt et les intérêts. Près de 80 ont été organisées cette année dans l'hôtel des ventes, qui jouxte la salle des engagements. " Nous aurons sans doute un peu moins de ventes en 2009 que les années précédentes, relève Bernard Candiard. Paradoxalement, la crise a en effet réduit le nombre de biens mis en vente, car les gages ont été le plus souvent renouvelés ".
Cela n'a pas empêché quelques belles pièces de trouver preneur. Un petit Renoir est parti cette année à 190000 euros. Le mois dernier, l'aquarelle d'un peintre russe a été adjugée 47000 euros, alors qu'elle était estimée à quelques milliers seulement par les experts. Des collectionneurs se l'étaient disputée après qu'une journaliste eut raconté son histoire à la télévision russe. Une bonne affaire pour le Crédit Municipal ? Pas seulement, car si la perte et à sa charge quand un bien s'est mal vendu, les bénéfices dégagés sont, eux, reversés à l'ancien propriétaire.
Source : Guillaume Maujean, les échos, 30/12/2009.