Ils veulent la vérité sur la mort d’Ismaïl happé par un RER B à la gare de Drancy
Publié le 2 Août 2014
L'annonce de la SNCF les a « révoltés ». « Personne n'y croit », lance Houria. La famille et les proches de Ismaïl, jeune garçon de 22 ans mort sur les voies du RER, à la gare de Drancy, samedi dernier, sont tous mobilisés pour rétablir la vérité sur le drame. Selon eux, « la thèse du suicide, il faut l'enterrer ». C'est pourtant cette version que la SNCF a donnée dimanche pour expliquer le décès tragique du jeune homme. L'entreprise se refuse depuis à tout commentaire.
Il était un peu plus de 15 heures, ce 26 juillet, quand Ismaïl a été happé par un RER B en direction de Roissy, qui passait à grande vitesse à Drancy sans marquer l'arrêt. Une enquête de police est en cours pour déterminer les causes de la mort. Le corps d'Ismaïl est actuellement à l'institut médico-légal, à Paris, où il doit être autopsié. « Les images de vidéosurveillance ont été visionnées, confie une source proche de l'affaire. Il ne semble pas y avoir matière à ouvrir une information judiciaire. L'enquête devrait se clôturer assez rapidement. » Pour conclure à un accident ou à un suicide ? Le mystère reste entier.
« Le suicide, c'est impossible, assure Mourad, son cousin et plus proche ami. Il me disait que c'était le moment de sa vie où il était le plus heureux. Il avait toujours le sourire. Il revenait de vacances au Maroc, on parlait déjà d'y repartir ensemble en septembre. Il venait d'avoir la confirmation de son embauche à l'office HLM du 93, et il allait se marier. On s'était pris dans les bras quand il m'a annoncé la nouvelle. Qui peut imaginer un suicide dans ces conditions ? »
Au moment du drame, il était au téléphone avec sa fiancée
Au moment même du drame, Najia, sa fiancée, était au téléphone avec lui. « Il était bien, il parlait tranquillement. Il m'expliquait qu'il allait à la gare pour recharger son passe Navigo, mais qu'il avait oublié sa carte. Il a fait une pause dans la conversation pour la chercher, et c'est là que j'ai entendu le bruit du train. Ça a coupé, et j'ai commencé à avoir très peur. Je suis partie directement sur place, il y avait déjà la police et les pompiers... », raconte-t-elle, d'une voix faible, les yeux tristes et un voile noir autour du visage.
Dans la famille très pieuse de ce jeune garçon sans histoire, on fait bloc aujourd'hui pour défendre sa mémoire. Sa mère, ses deux frères et sa sœur sont encore en séjour au Maroc, où le corps d'Ismaïl sera rapatrié une fois l'enquête close. Son père, Abdelmajid, est revenu précipitamment à Drancy dès qu'il a appris le drame. Dans le pavillon familial, où ils vivent depuis 2001, les festivités de la fin du Ramadan ont laissé place au deuil et à la douleur. « Il respectait les traditions, il était très religieux, sans être fanatique. Pour les musulmans, le suicide est un péché. C'est irrespectueux d'avoir employé ce mot, alors que l'enquête n'est même pas terminée », déplore Khadija, une cousine.
Source : Le Parisien