Hassan, 40 ans chez PSA Aulnay-sous-Bois, ouvre son album photo
Publié le 4 Janvier 2013
Les ouvriers de PSA Aulnay ont repris le travail hier matin alors que 2013 s’annonce comme la dernière année pleine du site . Entré en 1973 à l’usine, Hassan partage en image quarante ans de souvenirs…
Comme tous ses collègues, Hassan Chebraoui a repris hier le chemin de l’usine PSA d’Aulnay, où la production s’est interrompue avant Noël. L’année 2013 doit être la dernière pour le site promis à la fermeture en 2014. Mais c’est aussi une année anniversaire. L’usine avait ouvert ses portes au printemps 1973, dans des locaux flambant neufs, érigés sur des terres agricoles du nord de la ville. On lui prédisait un avenir glorieux. Une note de Citroën, datant de janvier 1972, avançait l’objectif de 16000 salariés à l’horizon 1985! Les effectifs culminèrent en réalité à 8000 salariés.
Il y a quarante ans, la chaîne de montage produisait son tout premier modèle, la mythique DS. Hassan, mécanicien de formation, était déjà là. Il avait alors à peine plus de 20 ans. Aujourd’hui sexagénaire, installé dans la cité voisine de la Rose-des-Vents avec son épouse, Jamila, et ses 4 enfants de 4 à 14 ans, il sait qu’il échappera au chômage, parce que la retraite est proche. Mais il s’inquiète « pour tous les jeunes qui devront chercher du travail ». Ce militant de la CFTC confie surtout avoir été « très attaché à l’usine : J’ai grandi là-bas, on vivait ensemble, on s’entraidait ». De cette aventure de plusieurs décennies, il a conservé de nombreuses photos, prises le plus souvent dans le dos des contremaîtres. Pour garder l’image des visages familiers, de moments de fête, mais aussi conserver les traces « du travail bien fait », celui dont Hassan est encore fier aujourd’hui.
1979
Hassan avec deux autres mécaniciens, sur le parking de l’usine. «On était très contents. On venait d’apprendre qu’on toucherait une prime exceptionnelle pour avoir bien travaillé. On avait fait beaucoup d’heures supplémentaires et on a réussi à réparer plusieurs CX Prestige, du haut de gamme, comme celle devant la quelle on pose. Les voitures ont pu être vendues en Arabie saoudite. On a touché une prime de 5 000 F; c’était une somme importante pour l’époque.»
1980
L’équipe de foot des ouvriers de l’usine. «On jouait des matchs inter-usines, contre Sochaux ou Mulhouse, mais on a aussi rencontré les joueurs d’autres boîtes, comme l’usine Rateau à La Courneuve. L’équipe a disparu vers la fin des événements (NDLR : la grève de 1982, suivie par des licenciements). C’est à ce moment que les syndicats sont entrés dans l’usine. Les gens de la CGT et de FO ne s’entendaient pas entre eux. Il y a eu des engueulades…»
1986
La Citroën AX en avant première. «C’était juste avant son lancement, en 1986. La voiture était encore cachée, les opérateurs n’avaient pas le droit de la voir. Nous, on travaillait dessus à l’atelier de mécanique. On a pris la photo pou rpouvoir la montrer aux familles et aux collègues, en cachette. La voiture est sur l’élévateur, qui nous permettait de travailler debout, sans se glisser sous les voitures.»
1994
Le départ d’une collègue d’Hassan .«On faisait la fête en cachette, pendant la pause. On n’avait pas le droit à cause de l’alcool. On était dans l’atelier de mécanique, devant les placards où on rangeait les pièces. C’était un atelier extraordinaire, très grand. On était quatorze mécaniciens dans l’usine. Aujourd’hui, il n’en reste que quatre. L’atelier, c’est devenu un aquarium, ils ont installé des bureaux tout autour.»
Source : Le Parisien