Halles, étals et bazars : 150 ans de commerce en Ile-de-France (1830-1980) 1/6
Publié le 1 Avril 2011
Episode 1 : à l'origine, les commerces de proximité
Au XIXe siècle, le commerce est peu diversifié. Il est principalement consacré aux besoins quotidiens : commerce alimentaire (épicier, marchand de vin, aubergiste), équipement de la maison (bois, quincaillerie). Les boutiques sont polyvalentes et les exigences du consommateur, peu variées. Les boutiques spécialisées sont rares. Dès 1880, la création d'entreprises s'accroît. Dans certaines villes, cela s'explique par l'arrivée d'une nouvelle population, industrielle ou résidentielle. Le consommateur habitant la périphérie bénéficie des magasins de quartier.
1900-1950 : l'âge d'or du commerce
De nouveaux besoins, liés à la société industrielle, sont nés. Les boutiques se diversifient (équipement de la maison, alimentation). Les magasins sont souvent polyvalents. L'épicerie peut être un grand magasin en miniature couvrant tous les domaines de la vie quotidienne. Ce foisonnement bon enfant s'oppose à la présentation huppée des grands magasins. Le commerçant livre souvent à domicile. La particularité de certaines communes est déterminante pour le développement de commerces spécifiques.
A Vincennes, la présence des abattoirs développe la boucherie en gros. Sur la Marne et la Seine se développe un commerce de loisir, dont les bistrots. A Ivry-sur-Seine, après 1918, l'afflux d'ouvriers étrangers développe le commerce de détail. Il s'agit bien d'une explosion commerciale, où le nombre de boutiques, malgré la proximité de Paris, va jusqu'à tripler. Dans les années 30, certains secteurs régressent : l'alimentation générale et surtout les débits de boissons, qui pouvaient représenter un tiers du commerce local avant 1914. Marchands de fourrage, maréchaux-ferrants et magasins de cycles s'effacent devant les établissements liés à l'automobile.
Les années 60 : une nouvelle ère commerciale
Epiceries, bazars et cafés continuent de régresser. L'alimentation peut chuter de moitié en vingt ans. Inversement, les commerces spécialisés (jouets, sport, cadeaux) et les magasins de luxe (bijoux, photographie, parfums) suivent la progression du pouvoir d'achat. L'activité commerciale ne diminue pas, mais change de nature. Dans la ville, l'activité commerçante est moins visible. Elle peut se cacher dans un centre commercial. Chassées par la voiture, les terrasses de café se raréfient. Les devantures des magasins se font discrètes si on les compare à celle de la Belle Epoque.
Les années 1980 : comment imaginer la ville sans commerce de proximité ?
La crise était déjà amorcée par la concurrence des grandes surfaces. Au moment où son existence est parfois menacée, on comprend l'importance du commerce de proximité dans la vie quotidienne et l'animation des quartiers. Il est souvent le dernier endroit où les personnes seules entretiennent un lien social. Sa fermeture peut amener le dépérissement d'un quartier et une diminution de la qualité de vie. Le commerçant doit être de plus ne plus à l'écoute de sa clientèle en termes de compétence : le consommateur cherche à la fois la qualité, le service et les prix. Il compare les produits, parfois loin de son domicile.
A suivre Partie 2 : irremplaçable marché de banlieue
Source : Communiqué de synthèse du musée et archives de Nogent-sur-Marne