Faute de place les musulmans font la prière dans la rue à Montfermeil
Publié le 18 Octobre 2014
Des Musulmans qui prient dans la rue, encadrés par des policiers. Voilà bien longtemps que pareil scène n'avait pas eu lieu en Seine-Saint-Denis. Pourtant, ce qu'il s'est produit hier, avenue Jean-Jaurès à Montfermeil, durant près d'une heure était pour le moins prévisible. L'ACMM, association cultuelle qui gère le pavillon transformé en lieu de culte situé 65, avenue Jean-Jaurès, avait pourtant prévenu que cette prière du vendredi risquait d’être perturbée. Deux extensions illégalement construites en 2009 sont en cours de démolition. Et donc inaccessibles pour les fidèles. L'association espérait, le temps des travaux, un local de la mairie, avant de pouvoir installer des barnums à leur place. Dans nos colonnes, la semaine dernière, Xavier Lemoine (UMP-PCD) expliquait qu'il n'avait pas de local à proposer dans l'urgence.
Alors, une fois la grande salle de prière et la cour du pavillon remplies, l'association a fermé le portail. « Il n'y a plus de places », explique Farid Kachour, de l'ACMM, à ceux qui trouvent portes closes. Il est 14 h 5. « Vous avez pas des bâches, mon frère ? » « Ah non, on ne va pas vous donner des bâches ! », répond Farid Kachour. Qu'à cela ne tienne, le jeune fidèle part en récupérer dans le camion d'un ami. Les bâches immenses sont rapidement déployées, jusque sur la chaussée. Un plot de chantier est installé pour ralentir les automobilistes. Une voiture force le passage, d'autres font demi-tour. Un trentenaire assis sur la bâche hurle : « On était tranquille à l'intérieur, ils veulent qu'on fasse la prière dehors. Eh bien, on va la faire dehors ! »
14 h 14, les policiers municipaux arrivent à toute allure. Puis, six minutes plus tard, les policiers nationaux. Une, deux, trois voitures sérigraphiées. Des discussions ont lieu, mais les bâches restent dépliées. Trois retraités assistent au spectacle, debout sur le trottoir d'en face. Ils ne sont pas pratiquants, viennent de Gagny, Villemomble et Le Raincy, mais sont venus assister aux obsèques d'un de leur ami. « Visiblement, il n'y a pas de dialogue entre le maire et les musulmans à Montfermeil », analyse l'un d'eux. Une quatrième voiture de police arrive. Les policiers restent groupés à l'arrière. « C'est du racisme envers les musulmans ! », juge un retraité de 72 ans venu de Chelles (Seine-et-Marne) et qui change régulièrement de mosquée. Le prêche de l'imam s'entend depuis la rue. « On n'a que ce qu'on mérite, lâche un musulman de 40 ans qui, lui, vit à Montfermeil. Personne n'est allé voter (NDLR : en mars) ! Il fallait changer de maire, on était au courant de ce qui allait se passer. »
14 h 40, les rangs des fidèles s'étoffent encore. On dénombre au moins deux cents hommes. La circulation est coupée dans les deux sens. 14 h 53, fin de la prière. Le portail vert s'ouvre. Ceux qui s'attardent sur le trottoir sont rappelés à l'ordre par l'agent de sécurité de la mosquée : « Un peu de respect s'il vous plaît, chacun rentre chez soi ! » Amine 22 ans, sort de la mosquée. Il voit les bâches repliées et comprend que d'autres ont prié dehors. « On va encore plus nous aimer avec ça ! se désole-t-il. Si on avait trouvé une entente avant, on n'aurait pas eu besoin de recourir à la justice et d'en arriver là. » La municipalité n'a pas donné suite à nos sollicitations. « Le préfet joue un rôle de médiation auprès du maire pour qu'il examine favorablement les demandes qui lui sont présentées dans cette période intermédiaire », précise-t-on au cabinet du préfet.
Source : Le Parisien