Djibril Gueye de la cité de l’Europe à Aulnay-sous-Bois joue le caïd dans le film Bande de Filles

Publié le 22 Octobre 2014

Abou.jpgÀ la sortie de l'avant-première, lundi, à Paris, son sourire avenant efface d'emblée le rictus effrayant sous lequel on l'a vu apparaître à l'écran. Dans le film « Bande de filles », de Céline Sciamma, qui sort aujourd'hui en salles, Djibril Gueye est Abou, un féroce caïd de cité qui s'intéresse à la jeune Marieme (Karidja Touré). « Ce n'est pas une racaille des bas-fonds, un cliché de plus sur les cités, mais un beau méchant, à la Al Pacino », juge le comédien. Son personnage règne sur ses troupes par la terreur. Djibril, lui, a plutôt « joué les nounous » auprès des quatre jeunes comédiennes qui tiennent les rôles principaux : « Pendant le tournage, on était tous logés dans un grand appartement à Bagnolet. Je m'occupais d'elles, un peu comme de mes petites sœurs ». « On a tissé un super lien, confirme Karidja Touré. C'est lui qui nous a fait connaître les ficelles du métier ! »

Des ficelles que Djibril a lui-même appris sur le tas. Rien ne prédestinait ce « métis sénégalo-italien », qui a grandi à la cité de l'Europe à Aulnay dans la même tour que le rappeur Sefyu, à embrasser une carrière de comédien. Comme Karidja ou la Bagnoletaise Mariétou Touré (qui campe l'une des héroïnes, Fily), repérées à la Foire du Trône, Djibril a rencontré le cinéma... dans la rue.


« J'avais quinze ans, je me baladais sur les Champs-Elysées, et on m'a proposé de passer un casting. C'est comme ça que j'ai débuté, dans la série Brigade de mineurs sur M 6 », raconte le trentenaire, qui a ensuite connu une longue traversée du désert. « J'ai décidé de reprendre il y a cinq ans, j'ai fait les choses sérieusement. J'ai pris un agent, des cours de théâtre... ».

De petits rôles en petits rôles, de séries en courts-métrages, Djibril s'est frayé un petit chemin dans le monde du cinéma. On l'apercevra bientôt dans plusieurs longs-métrages : « Tout, tout de suite » de Richard Berry, sur l'affaire Ilan Halimi, mais aussi « Le Père Noël », comédie d'Alexandre Coffre avec Tahar Rahim, ou encore « Après la bataille », de Simon Leclère.

Il confesse que le propos du film de Céline Sciamma l'a d'abord heurté. « En lisant le scénario, puis en découvrant le film, je me suis dit : c'est trop cliché... Quelle image donne-t-on des hommes, de la famille des cités ? », se souvient-il. C'est au fil des avant-premières qu'il a changé d'avis : « J'ai beaucoup discuté lors d'avant-premières, avec des militantes, noires ou blanches. En tant que mec, plutôt dominant dans mon quartier, je n'avais jamais eu de problème. Il faut prendre du recul pour admettre qu'une autre réalité existe. Et ce n'est pas une question de couleur de peau ou de religion, mais une question de conditions de vie ».

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Culture

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