Comment faire pour manger avec 300 euros par mois à Aulnay-sous-Bois ?
Publié le 22 Octobre 2012
Une maman avec son nouveau-né, un vieux monsieur, un couple un peu perdu, un jeune homme vivant en foyer… Mardi dernier, ils affluaient dans les locaux du projet de ville RSA, le service dédié à l’accompagnement des bénéficiaires, à Aulnay-sous-Bois. La commune comptait en juin 2012 4058 foyers dépendant de la prestation, contre 3931 en décembre 2011. A la même date, on dénombrait à Aulnay 6262 chômeurs (catégories A, B et C). Témoignages.
« Partout, on me demande le permis de conduire »
Il a 43 ans et l’air vaillant. Voilà trois mois que cet habitant d’Aulnay touche le RSA : « Depuis que je n’ai plus le chômage, confie-t-il. Avant, il y a un an, je travaillais dans la voirie. » L’homme était employé par la ville par le biais d’un de ces contrats aidés pour lesquels les financements de l’Etat se sont taris. Depuis, il cherche : « Il n’y a plus de boulot. Il y a quatre ans, j’ai travaillé en intérim chez Citroën, mais maintenant, c’est fini! J’ai demandé à l’aéroport de Roissy, dans les boîtes de déménagement… Partout, on me demande le permis de conduire, et je ne l’ai pas. Peut-être qu’ici on va pouvoir m’aider à le passer? » Ce matin, il est venu signer son « contrat d’engagement », fixant les devoirs des bénéficiaires en matière d’insertion. « Je ne sais pas exactement ce qu’il y a dedans. L’idée générale, c’est que tu dois être toujours présent, disponible. »
« J’ai fait une demande de logement social, je n’ai pas de réponse »
Yarodi a le visage soucieux. Ce mois-ci, cette maman seule n’a pas touché le RSA, qu’elle perçoit depuis « six ou neuf mois, je ne sais plus ». « Peut-être que c’est parce que je n’ai pas donné la photocopie de ma fiche de paie? Mais je ne l’ai pas encore reçue », murmure-t-elle, réfléchissant tout haut. En septembre, elle a un peu travaillé dans un hôtel parisien, comme femme de chambre. Il fallait se lever à 5 heures du matin, pour quelques centaines d’euros. Elle montre la paume de ses mains, toute parcheminée : « Je fais une allergie aux produits nettoyants. » C’est ce qui lui a valu de perdre son ancien travail, d’employée de nettoyage dans une entreprise. Yarodi avait demandé une allocation pour son handicap, mais ne l’a pas obtenu. Depuis, elle compte les sous, pour nourrir ses deux grands enfants, de 18 et 21 ans, eux aussi sans emploi. « Le loyer est cher. J’ai fait une demande de logement social, mais je n’ai pas encore eu de réponse. Comment faire pour manger avec 300 € par mois? »
« J’ai toujours eu des petits boulots »
Enveloppée dans une doudoune d’ado, Kelly ne fait pas ses 25 ans. Elle les a pourtant depuis avril, ce qui lui permet désormais de toucher la prestation de solidarité, « en attendant d’avoir mon concours ». « Heureusement que ma sœur m’a dit que j’y avais droit, sinon je n’aurais jamais fait les démarches! », avoue-t-elle. Cela fait quatre fois que Kelly tente les épreuves pour devenir infirmière. En novembre, elle passera l’examen pour être auxiliaire de vie. Comme beaucoup de gens de son âge, la jeune femme n’a eu pour toute expérience professionnelle qu’une suite de petits jobs, ainsi qu’un service civique effectué au sein d’une association : « J’ai toujours eu des petits boulots, jamais de grand contrat, explique-t-elle. Le RSA, ça m’aide pour payer ma carte de transports et avoir la CMU (couverture maladie universelle, NDLR) ».
Source : Le Parisien du 19 octobre 2012.