Championnat du monde WBO des super-moyens / Abraham-Bouadla : Mehdi Bouadla pour l’histoire

Marcel Denis s’en souvient comme si c’était hier. « Il y a une quinzaine d’années, j’ai rencontré une voyante qui m’a dit qu’un boxeur du club serait un jour champion du monde. » L’entraîneur du CSL Aulnay n’est pas attaché aux prédictions, mais hier, lors de la pesée effectuée dans un centre commercial de Nuremberg, l’ancien professionnel n’a pas pu s’empêcher de ressortir ce souvenir du passé. A vingt-quatre heures du Championnat du monde WBO des super-moyens, qui verra l’un de ses élèves, Mehdi Bouadla (30 ans, 26 victoires, dont 11 avant la limite, 4 défaites), défier le tenant du titre Arthur Abraham, tous les espoirs sont donc permis.

Sur la bascule, le jeune challengeur apparaît affûté. Ses 74,700 kg en témoignent, mais ils pourraient être un handicap face aux 76,200 kg (la limite de la catégorie) du champion. « Mehdi est entré dans son combat, assure son entraîneur, Nasser Lalaoui. Il est dans les meilleures conditions et je le sens bien depuis que nous sommes ici. » Crâne lisse, barbe bien taillée et joues creuses, Mehdi Bouadla semble en effet ne pas céder à la pression pour son premier Championnat du monde. Il fait même sourire son entourage en se présentant pour aller à la pesée avec un bonnet de Père Noël sur la tête.

Disponible, l’employé de la mairie d’Aulnay signe des autographes, pose pour des photos et lance une bise à une fillette guère plus âgée que sa petite Lalia (3 ans et demi). « Je pars pour une consécration et je ne suis pas là pour essayer mais pour réussir, dit-il. Et si j’y arrive, ce sera l’un des plus beaux jours de mon existence. Dans le reste de ma vie, je suis un homme heureux. Jusqu’ici, beaucoup de choses m’ont souri. »

Arrivé mardi matin dans une Bavière recouverte d’un manteau neigeux, le clan français, logé dans un hôtel cosy, a respecté le programme des organisateurs : conférence de presse et entraînement public. Mais il s’est aussi concentré sur l’événement qui l’attend. Un vrai défi face à un homme réputé pour sa dureté, sa frappe (mesurée à 380 kg pour son poing droit) et son agressivité. « Il ne faudra pas entrer dans son jeu et le perturber », insiste Marcel Denis.

Dans une Arena de Nuremberg (10000 places) qui sera derrière son champion, l’Aulnaysien ne comptera que sur la présence de quelques proches pour le pousser vers un titre de champion du monde que la boxe tricolore espère depuis la perte de la ceinture WBO des moyens d’Hassan Ndam en octobre dernier.

« On va être contre moi autour du ring, mais ça ne peut que plus me motiver. Il faudra que je sois serein, reposé et concentré. J’ai bossé dur pour arriver là, en passant la moitié de mon temps à la salle. Il faut que ça paie. » Et si le présage se révélait exact…

Source : Le Parisien