Ces députés qui cumulent les mandats sans complexe
Publié le 10 Novembre 2012
Parlement. La limitation du cumul des mandats que doit proposer Lionel Jospin dans son rapport ne ravit pas les parlementaires. Au PS, certains élus s’assoient sur leurs promesses. Et, à l’UMP, on ne veut pas en entendre parler.
Il y a bel et bien des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent… Alors que l’ancien Premier ministre Lionel Jospin remettait hier son rapport sur la modernisation de la vie politiqueà François Hollande , plusieurs députés socialistes continuent de s’asseoir sur les engagements qu’ils ont pris en matière de cumul des mandats. Fin septembre au plus tard selon les consignes édictées par le PS, tous les cumulards auraient pourtant dû démissionner de leurs fonctions de maire, de président ou vice-président de conseil général ou régional. Mais, sur 199 députés socialistes en situation de cumul au lendemain du 17 juin, 70 seulement, selon un responsable du PS, ont à ce jour honoré leur promesse ou sont sur le point de le faire ! Parmi ces bons élèves, Annick Lepetit, adjointe au maire de Paris, a ainsi renoncé à ce mandat après sa réélection comme députée de Paris. Thierry Mandon a fait une croix sur sa mairie de Ris-Orangis (Essonne, 27000 habitants). Ou encore Alain Calmette, élu pour la première fois député du Cantal cette année, s’apprête à laisser son fauteuil de maire d’Aurillac (29000 habitants), qu’il occupe depuis 2006.
Mais d’autres font la sourde oreille. Il y a un an, Martine Aubry, alors première secrétaire du PS, s’était pourtant montrée catégorique en adressant une circulaire nationale à tous les futurs candidats pour leur signifier que « leur candidature ne [serait] jugée recevable qu’à partir du moment où ils-elles auront fait parvenir une lettre à la fédération indiquant clairement qu’ils-elles renonceront à leur(s) mandat(s) exécutif(s) locaux au plus tard en septembre 2012 ». Mais si la plupart ont pris cet engagement écrit, très populaire parmi les militants, d’autres, très installés et n’ayant pas à redouter les foudres de la Rue de Solferino, ont pris des libertés dans la rédaction de leur lettre : Michel Destot, maire de Grenoble et vice-président de la communauté d’agglomération, a ainsi promis de ne plus cumuler, mais… sans préciser à partir de quand! Madré, Laurent Fabius, candidat dans son fief de Seine-Maritime, s’est contenté d’écrire qu’il se « conformerait aux textes en vigueur »…
Sophie Dessus, candidate dans l’ex-circonscription de François Hollande en Corrèze, a, elle, carrément refusé « ce diktat imposé aux élus d’un seul parti ». Cette proche du président de la République, à la fois députée, maire d’Uzerche (3200 habitants), membre du conseil général de Corrèze et présidente de communauté de communes, continuera à cumuler tant que la loi ne sera pas votée. Mieux : elle a pris la tête d’un groupe d’une trentaine de parlementaires bien décidés à œuvrer pour limiter… les limitations de cumul promises par le président. Plus discret, Philippe Duron continue lui aussi de cumuler son mandat de député avec la mairie de Caen et la communauté d’agglomération, comme Christophe Sirugue (Chalon-sur-Saône), Rémi Pauvros (Maubeuge), Alain Rodet (Limoges), Christophe Castaner (Forcalquier) et quelques autres notables locaux. Harlem Désir, premier secrétaire du PS, assure désapprouver ces petits arrangements avec la parole donnée. « Le PS doit garder un temps d’avance, comme nous l’avons fait avec la parité, que nous avons appliquée sans attendre la loi, dit-il. Je demande aux autres de respecter leur engagement. » Un vœu sans doute destiné à rester pieu.
Source : Le Parisien