Aulnay-sous-Bois : les jeunes ne battent pas en retraite.

Publié le 20 Octobre 2010

Environ 80 jeunes se trouvaient encore ce matin à 9h30 devant  le lycée Jean Zay d'Aulnay-sous-Bois, sous étroite surveillance policière. Les forces de l'ordre sont en nombre imposant et le calme semble régner. Seuls quelques détritus jonchant l'entrée de la roseraie laissent présumer que les poubelles ont fait les frais de quelques coups de pieds.

jeanzay.JPG

A Voillaume en revanche il ne restait à cette heure quasiment personne devant l'entrée. Seul un camion municipal débarrassait ce qui semblait être des restes de poubelles calcinées ou autres déchets.

voillaume

Le marché du Vieux-Pays quant à lui avait l'air de se dérouler tout à fait normalement.

Comme on a pu le lire sur MonAulnay.com ce matin (ici) le mouvement de grève semble s'étendre puisque lycées et collèges de divers quartiers de la ville sont désormais concernés.

Les jeunes sont donc en grève. Mais pourquoi ? A cause de la retraite ?  Même s'il y a beaucoup à dire à propos de la réforme en cours sur le fond et la forme, le malaise ne serait-il pas plus profond ? Car si, en effet, la perspective d'un allongement de la durée du travail de 2 ans n'est réjouissante pour personne la première préoccupation des jeunes aujourd'hui ne serait-elle pas , d'abord,  simplement d' arriver à trouver un boulot ?

Or, lorsqu'on regarde l'état de l'emploi au niveau départemental, on s'aperçoit que la situation est alarmante. Comme le révélait le Parisien du 11 octobre, la Seine-Saint-Denis attire de nouvelles entreprises mais dans le même temps le nombre de sans-emploi  ne cesse d'augmenter pour atteindre aujourd'hui 11% de la population active. Même les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à pointer au chômage.

Sur le plan national ce n'est guère mieux. Comme le publiait Les Echos du vendredi 13 et samedi 14 août 2010, le taux de chômage des jeunes (entre 15 et 24 ans) en France a atteint un pic au quatrième trimestre 2009, à 24,2%, avant de redescendre à 23% au premier trimestre 2010 d'après l'Insee. Le nombre de jeunes chômeurs atteint 634 000 personnes. Cela pourrait être le début de la baisse du chômage envisagée par le Bureau International du travail (BIT) en 2010 pour cette tranche d'âge. Le chiffre français reste toutefois bien plus élevé que la moyenne donnée par le BIT concernant les économies développées et l'Union européenne, qui elle se situe à 17,7%. Ce qui est déjà le chiffre le plus élevé dans cette région depuis 1991, première année pour laquelle ces statistiques ont été disponibles.

En fait, la tendance est mondiale. Face à une économie moribonde qui continue à détruire des emplois, les jeunes pourraient être parmi les premiers sacrifiés sur l'autel des économies de coûts. C'est du moins ce que révèle un rapport du Bureau International du travail (BIT), selon lequel près de 13% des 15-24 ans étaient au chômage dans le monde en 2009, soit 81 millions de jeunes. Ce chiffre vertigineux est le niveau le plus haut jamais enregistré par l'institution internationale, témoignant selon elle que les jeunes rencontrent beaucoup plus de difficultés à rentrer sur le marché du travail que les "adultes".

En conclusion le BIT s'inquiète de cette hausse spectaculaire du chômage des jeunes, mettant en garde contre le risque d'une génération perdue. Il est peut-être là, finalement, le point fondamental : le manque de perspectives... Et ceci d'autant plus que personne ne semble en mesure de garantir l'essentiel aux jeunes d'aujourd'hui :  un avenir...

Stéphane Fleury. Source chiffres : le Parisien du 11 octobre 2010, Les Echos du vendredi 13 et samedi 14 août 2010.

 

 

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Economie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
X
<br /> Stéphane,<br /> <br /> Je comprends bien l'effervescence de la jeunesse. Je l'ai connu moi-même dans des temps un peu lointains maintenant, mais qui restent toujours présents à ma mémoire.<br /> <br /> A mon époque, il s'agissait, surtout, de faire évoluer une société trop corsetée, de libérer les forces de l'esprit et de mettre en mouvement une parole qui pressentait déjà - du moins pour les<br /> plus nantis ou les plus lucides - avec H.Marcuse et bien d'autres, que la société de consommation n'était pas le tout de la société.<br /> <br /> Les ouvriers et les employés revendiquaient, quant à eux, des augmentations de salaires, car leur niveau de vie était en retard, par rapport aux acquis économiques de l'après-guerre et que leur<br /> soif de consommation était loin d'être rassasiée.<br /> <br /> Nous, les jeunes n'avions aucune inquiétude pour trouver du travail, les voyages commençaient à se démocratiser, la contre-culture et le mouvement hippie fleurissaient, les moeurs se libéraient.<br /> Bref, nous avions le sentiment que tout était possible et que le monde nous appartenait.<br /> <br /> Les salariés, quant à eux, n'étaient pas inquiets pour leur retraite, parce qu'il y avaient à l'époque quatre travailleurs pour un retraité, alors qu'aujourd'hui nous sommes à deux pour un, et<br /> demain peut-être à un et demi pour un.<br /> <br /> Bref, le tableau paraît bien sombre et la Vieille Europe paraît bien mal partie...<br /> <br /> Et, pourtant, malgré des taux de croissance plus faibles et en dépit d'un sentiment d'inégalité toujours vivace, nos sociétés n'ont jamais été aussi riches.<br /> <br /> D'où vient alors le malaise ? Probablement du sentiment diffus d'une menace. Pourquoi? Parce que nous avons tendance à nous recroqueviller sur nous-mêmes, sans bien voir les atouts considérables<br /> qui sont les nôtres et alors que le monde nous est encore largement ouvert.<br /> <br /> Dans les années 70, nous n'avions ni le TGV, ni l'Airbus, ni l'ordinateur portable, ni le téléphone portable, ni Internet...et pourtant nous étions confiants dans l'avenir.<br /> <br /> Aujourd'hui, le monde s'est élargi et a fait une meilleure place à des pays émergents dynamiques qui sortent peu à peu de la pauvreté ( même si subsistent encore beaucoup d'inégalités tant à<br /> l'intérieur de ces pays que par rapport à nous).<br /> <br /> Nous vivons alors un paradoxe. D'une part des pays qui ont un niveau de vie très inférieur au nôtre, n'ont pas de système de sécurité sociale ou de retraite,mais croient en leur avenir et nous<br /> envient. D'autre part des pays nantis qui ont peur de ne plus maintenir leur rang.<br /> <br /> Tout cela ressort donc, me semble-t-il, d'un différentiel entre les inconscients collectifs qui s'expriment dans les différentes régions du monde et pèsent sur les esprits à travers des dynamiques<br /> croisées : les unes que je qualifie d' "offensives" et les autres de "défensives".<br /> <br /> S'ajoute à cela, une prise de conscience écologique récente qui nous renvoie à un monde fini où les ressources ne sont pas inépuisables.<br /> <br /> Dés lors, je ne vois qu'une sorte de "révolution culturelle ou spirituelle" sous une forme totalement nouvelle - et qui reste à inventer - , pour sortir de la triple impasse : politique, économique<br /> et sociale dans laquelle nous nous débattons.<br /> <br /> Cela permettrait alors, peut-être, de réconcilier progrès technologique, qualité des relations sociales et meilleur partage des richesses.<br /> <br /> Utopie ? Assurément. Mais, je crois que seules les sociétés capables de se donner des utopies ont de l'avenir.<br /> <br /> Bien cordialement.<br /> <br /> Xavier.<br /> <br /> <br />
Répondre