Aulnay-sous-Bois, cantonales nord premier tour. Décryptage du scrutin en quelques lignes. (3).
Publié le 23 Mars 2011
Le FN à Aulnay-sous-Bois, un résultat en trompe-l'œil...
Comme si l'air se saturait soudain d'iode. Une sombre journée teintée d'écume. Un vague pressentiment de catastrophe. Tout le monde ou presque le prédisait après la parution d'un sondage dans le Parisien. Le raz-de-marée bleu du Front National pouvait frapper Aulnay-sous-Bois. Et pourtant... S'il est vrai que le FN a progressé en pourcentage des suffrages exprimés, passant de 14,27 % en 2004 à 15,82 % en 2011, le parti d'extrême-droite a perdu 329 voix en sept ans, glissant de 1 582 en 2004 à seulement 1 253 en 2011.
Si l'on plonge plus loin dans le passé, le score de cette année parait encore plus médiocre. En effet, au premier tour des élections cantonales de 1998, le Front National avait récolté 2 160 voix soit 20,55 % des suffrages exprimés, atteignant même un pic à 2 929 voix et 22,97 % en 1992 pour le même scrutin. Les chiffres le démontrent. Le FN n'a pas vraiment progressé.
Néanmoins, la formation menée par Marine Le Pen reste solidement ancrée comme troisième force politique du nord de la ville. Le plus étonnant dans cette histoire est que cette performance ait été réalisée par un illustre inconnu, dénommé Didier Caron, qui, d'après nos informations, n'habite même pas Aulnay. N'ayant fait aucune campagne, aucune réunion publique, ne se donnant même pas la peine de distribuer le moindre tract et de présenter son candidat, le FN réussit pourtant à obtenir plus de voix que les Verts et le PCF réunis, alors que ces formations sont représentées par des élus locaux !
Peu importe le flocon pourvu qu'on ait l'ivresse. Comme si le FN se suffisait à lui-même et n'avait plus besoin de faire quoi que ce soit pour fédérer un électorat. Sentiment étrange, troublant, voire inquiétant. Surtout si l'on jette un œil sur les résultats du premier tour des dernières régionales de mars 2010. A périmètre constant, c'est à dire en considérant uniquement les mêmes 31 bureaux de vote d'Aulnay-sous-Bois du canton Nord, les voix Frontistes progressent de plus de 31%, passant de 955 à 1253 en l'espace d'un an ! A abstention quasiment égale puisqu'elle était de 69,9 % au premier tour des régionales contre 69,4 % à celui des cantonales.
C'est en comparant ces deux scrutins espacés de 12 mois que l'on mesure à quel point, localement et notamment dans les quartiers nord, le parti de Marine Le Pen n'est peut-être pas aussi moribond qu'il en a l'air. Vaste nébuleuse en trompe-l'œil allant et venant comme la marée... qui pourrait cacher une prochaine vague ? De quelle ampleur ?
A suivre partie 4 : quand la droite se prend une bonne gauche.