Aulnay-sous-Bois : à la recherche des victimes de l’amiante

Publié le 29 Mai 2013

L’agence régionale de santé va contacter les 8 500 personnes qui ont fréquenté les écoles voisines de l’ancienne usine d’amiante d’Aulnay-sous-Bois. Une première.

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Jamais encore on n’avait envisagé de mener une telle enquête en France. L’agence régionale de santé d’Ile-de-France envisage de lancer un « dispositif de recherche active » pour retrouver les milliers de victimes potentielles d’une usine d’amiante. Il s’agit du Comptoir de minéraux et matières premières (CMMP), qui broya de l’amiante de 1938 à 1975 et continua à en stocker jusqu’à sa fermeture en 1991, en pleine ville, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).  

Dans une lettre adressée le 17 avril à la commune et aux associations, Claude Evin, directeur de l’ARS, confirme que ses services « travaillent au montage d’un tel dispositif […] centré dans un premier temps sur la recherche de personnes ayant été scolarisées dans les écoles du Bourg I et II ainsi qu’Ormeteau », trois établissements scolaires du quartier. Une étude, commandée par l’ARS et publiée le 26 février, a établi que 8500 enfants étaient passés dans les seules écoles du Bourg de 1938 à 1975, et qu’on pouvait retrouver leur trace. La même étude, menée par le Giscop 93 (groupement scientifique dédié aux cancers professionnels), a estimé qu’au bas mot il faudrait rechercher 40000 personnes : les ouvriers et leurs familles, les habitants du quartier, les salariés d’autres entreprises, susceptibles d’avoir été exposés aux poussières de l’« usine-poison ».

Motus sur le calendrier

Jusqu’à aujourd’hui, les seuls cas de maladies ont été recensés par les associations. Elles dénombrent 120 malades, dont 70 sont décédés.

Du côté de l’ARS, on refuse pour le moment de détailler la méthode et le calendrier. L’agence attend le feu vert du ministère de la Santé, avec qui « les discussions sont en cours », notamment sur le coût du dispositif et l’ampleur à donner aux recherches. Des propositions pourraient être formulées avant l’été. « C’est une belle avancée », estime le maire PS d’Aulnay, Gérard Ségura, qui a lancé en 2009 la démolition-dépollution du site industriel. « L’idée serait de contacter les gens par courrier, mais aussi de mener une étude de mortalité pour tous ceux qui seront décédés. Il faut aussi un accompagnement psychologique et social », avance Gérard Voide, président du collectif des riverains et victimes du CMMP, qui espère être associé aux recherches. Son épouse fut la première à déposer plainte contre l’entreprise, après la mort de son frère en 1997. Ecolier, il avait joué des heures durant dans la cour de l’école, où voletait si souvent la poussière échappée de l’usine. A ce jour, le CMMP n’a pas été condamné sur le plan pénal.

Source : Le Parisien 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Amiante

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