Présidentielles 2022 : les sondages font-ils une élection ?

Publié le 18 Février 2022

En ce moment c’est un véritable tourbillon de sondages qui déferle sur les chaînes d’information. Tous les jours, chacun y va de son pronostic comme si les chiffres distillés par les médias présageaient du sort du scrutin des 10 et 24 avril prochains.

D’où cette question : les sondages font-ils une élection ? En ce moment en tout cas, le message martelé est le suivant : Emmanuel Macron est considéré comme intouchable caracolant en tête au premier tour (environ 25 % des intentions de vote) et l’emportant largement au second quel que soit son adversaire.  

Marine Le Pen, malgré les défections au sein de son parti et le non-ralliement de sa nièce Marion Maréchal, semble être en passe de se qualifier au second tour avec environ 18 % des intentions de vote.

Eric Zemmour parait retrouver une certaine dynamique, mais avec 14 % des intentions de vote il ne franchirait pas le premier tour.

Présidentielles 2022 : les sondages font-ils une élection ?

Après le tapage autour de son meeting considéré comme raté au Zénith de Paris, Valérie Pécresse s’effondre dans les sondages à 12 % d’intentions de vote. Elle aurait ainsi perdu près de 8 points depuis sa victoire à la primaire de la droite républicaine. La défaite qui, en théorie se profile, fragilise la candidate LR. Cette dernière multiplie d’ailleurs les lapsus, le dernier en date étant dévastateur puisque l’actuelle présidente de la région Ile-de-France déclare que, grande cinéphile, elle aura tout le temps de voir des films après l’élection.

A gauche ou à l’extrême gauche, seul Jean-Luc Mélenchon (11 % d’intentions de vote) semble en mesure d’espérer une hypothétique qualification au second tour. Même Ségolène Royal considère que c’est désormais le seul vote utile à gauche, un positionnement qui devrait finir d’achever un parti socialiste agonisant aux côtés d’Anne Hidalgo.

Ce qui étonne, dans la manière dont les sondages sont traités par les journalistes en ce moment, est qu’on les fait presque passer pour le résultat définitif des futures élections alors qu’elles n’auront lieu qu’en avril. C’est comme si on écrivait un scénario à la place des électeurs. C’est quand même assez troublant.

Pourtant l’histoire récente démontre que les sondages peuvent littéralement se planter. Regardez donc la vidéo ci-dessous de Lionel Jospin, enfoncé calmement dans son siège et affichant son arrogante confiance à la veille du premier tour de l’élection présidentielle de 2002. Hilare, il ne doute pas un instant de sa présence au second tour, expliquant que la raison doit l’emporter sur l’imagination. On connait la suite et le fiasco qui a suivi. Gageons qu’il ait eu tout le temps de méditer au septentrion après cette leçon.

En 2017, (voir ici), Jean-Luc Mélenchon est crédité de 20 % des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle, au coude à coude avec Emmanuel Macron et Marie Le Pen (22 % chacun) et devant François Fillon (19 %). Il n’a jamais été aussi proche d’une éventuelle qualification au second tour en laquelle il, et beaucoup d'observateurs,  croient dur comme fer. Et finalement non, il échoue et est même devancé par l’ancien premier ministre LR de Nicolas Sarkozy.

Dernier exemple en date. Les élections européennes de 2019. Laurent Wauquiez est un président très contesté du parti Les Républicains. Mais l’arrivée de François-Xavier Bellamy, tête bien faite et bien pleine, enflamme les sondages. Les LR sont crédités parfois de 14 à 15 % faisant naitre chez les militants l’espoir d’une remontada. Pourtant, au soir du 26 mai, c’est la degringolada et la gueule de bois. L’Union de la Droite et du Centre réalise son pire score de tous les temps avec seulement 8,48 % des suffrages exprimés. Une claque qui poussera Laurent Wauquiez à démissionner.

Au regard de ces éléments, de l’abstention potentielle estimée à 25 % à ce jour compte-tenu de l’indifférence ou du dégoût que provoque désormais la politique chez certains, de l’influence de plus en plus limitée des partis minés par les trahisons et les ralliements opportunistes, de l’absence de véritables débats sur le fond, sans parler de la nullité de certains candidats s’accrochant aveuglement pour rester dans la course alors qu’ils n’ont aucune chance ou multipliant les bourdes, le scrutin présidentiel de 2022 devrait être celui de toutes les incertitudes.

Pour le moment, les sondages donnent Emmanuel Macron largement vainqueur. Valérie Pécresse n’est pour l’instant pas qualifiée pour le second tour, ce qui aurait sans doute pour effet de faire exploser Les Républicains. Mais rien n’est encore écrit. Alors, qui vivra, verra…

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #En route vers 2022 !

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