Aulnay-sous-Bois : la mairie veut s’assurer que l’association Un toit pour elles respecte le droit
Publié le 21 Mars 2021
C'est un étrange cadeau de bienvenue qui a été déposé de façon anonyme devant le pavillon du 6, rue Mercier à Aulnay-sous-Bois. Ce jour-là, Mohamed Jemal constate la présence d'excréments ornés d'un ruban devant les locaux d'Un toit pour elles, l'association qui héberge des femmes sans-abri dont il est le président-fondateur.
« Quand nous nous sommes installés à Aulnay en septembre 2020, la plupart des riverains nous ont bien accueillis mais un couple nous a fait part de son mécontentement, s'inquiétant qu'on puisse amener dans leur quartier propre et calme des femmes victimes de violences ou à la rue, raconte celui-ci. Ils nous ont dit qu'au moindre problème ils appelleraient la police. »
Le 9 mars, la directrice du contrôle de l'urbanisme et de la prévention des risques sanitaires et bâtimentaires a mené une inspection dans ce pavillon en compagnie de deux policiers municipaux. « Je pensais que cette dame venait faire un don, glisse la lycéenne qui leur a ouvert la porte. Elle m'a demandé une pièce d'identité et les policiers ont commencé à prendre des photos partout. »
«On a peur que la police revienne»
Mohamed Jemal comprend ces arguments « sur le fond ». « Sur la forme, c'est inacceptable, s'agace-t-il. Pourquoi ne m'ont-ils pas appelé avant d'intervenir à l'aveugle ? Nos bénéficiaires sont traumatisées. Ce sont des femmes en grande difficulté qui essayent de se reconstruire. Certaines ont été violées. La mairie est censée protéger les gens, pas leur faire peur. » Une bénéficiaire confie : « On n'est plus tranquilles, on a peur que la police revienne. »
Survenue au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, cette inspection a suscité la colère de l'opposition de gauche, qui dénonce une « intrusion indigne et illégale ». Le collectif « Nous toutes », qui lutte contre les violences faites aux femmes, en appelle à Élisabeth Moreno, la ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes.
Documents à l'appui, Mohamed Jemal assure avoir conclu un bail avec l'héritier de l'ex-propriétaire du pavillon, « à la condition qu'on le retape ». « Nous avons engagé plus de 4 000 euros de travaux pour refaire la peinture, l'électricité, insiste-t-il. Ce n'est pas pour se faire expulser quelques mois plus tard ou pour en faire un squat. »
«Aussi louables que soient les intentions, on doit respecter le droit»
La mairie en veut la preuve. « Il dit avoir un droit de bail mais pour l'heure, il n'a pas été en capacité de justifier l'occupation licite du bien, assure Loïc Le Roux, directeur général adjoint des services. Même s'il en dispose, il ne peut pas transformer comme ça cette habitation en centre d'hébergement d'urgence. Nous lui avons envoyé un courrier reprenant les régularisations auxquelles il doit se soumettre. »
À sa réception, l'association aura huit jours pour justifier de l'occupation licite du bien, puis un mois pour régulariser administrativement le statut du pavillon. « Si tout est en règle, on l'accompagnera, poursuit Loïc Le Roux. Sinon, nous transmettrons le dossier au parquet. »
« Personne ne m'a jamais demandé de présenter le bail, s'étonne Mohamed Jemal. Et nous ne sommes pas un centre d'hébergement d'urgence. » Le fondateur d'Un toit pour elle estime qu'il paye sa proximité avec Oussouf Siby, un élu municipal d'opposition. Et rappelle que son association répond à un besoin. « Aussi louables que soient les intentions, on doit respecter le droit », rétorque-t-on au cabinet du maire.
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Source article et photo : journal Le Parisien