Parc forestier de la Poudrerie : quand la Poudrerie de Sevran aurait pu s’appeler la Poudrerie de Vaujours !
Publié le 16 Février 2021
Nombreux sont les habitants d’Aulnay-sous-Bois à fréquenter le parc forestier de la Poudrerie. L’histoire ci-dessous raconte comment cette Poudrerie de Sevran, dont la construction date des environs de 1872, aurait pu s’appeler Poudrerie de Vaujours…
Peu de temps après la fin de la guerre de 1870-1871, qui inspira à Emile Zola son fameux roman La débâcle, on commença à implanter une poudrerie sur les confins des communes de Vaujours, Livry, Sevran et Tremblay-les-Gonesse. Le terrain imparti à cet établissement et à ses annexes s’étendait sur plusieurs communes. Dès lors, quelle dénomination devait-on donner à ce nouvel établissement, sachant que les locaux des soldats de garde et certains hangars étaient construits sur Sevran, tandis que les installations essentielles, machines à vapeur, turbines, fours, broyeurs, pulvérisateurs et séchoirs, étaient implantées sur le territoire de Vaujours. Quelle ville pouvait revendiquer la paternité de ce nouvel équipement militaire ?
Les autorités militaires n’eurent pas à se poser ce problème car un incident ne tarda pas à survernir, qui les incita à attribuer au nouvel établissement le nom de « Poudrerie de Sevran » plutôt que de « Vaujours ».
L’abbé Chaudé dans son « histoire de Vaujours » (Paris 1883) a rappelé l’épisode qui, de nos jours, est encore fort connu de la tradition orale. Voici les faits tels qu’ils sont relatés actuellement.
La femme du concierge de la poudrerie à la suite d’une grave maladie était au bord du trépas et voulut se confesser. Le curé de Sevran appelé d’urgence ne put malheureusement pas satisfaire cette exigence car la dame en question était alsacienne et ne s’exprimait qu’en allemand, langue inconnue du curé. Celui-ci se rendit alors à Paris et en ramena un prêtre allemand. Après quoi, il put administrer les derniers sacrements à la pauvre femme qui décéda peu après.
Le commandant de la poudrerie se rendit tout naturellement à Sevran pour s’entendre avec le curé qui avait témoigné tant de sollicitude, sur les conditions et l’heure du convoi mortuaire. A sa grande surprise, le curé lui déclara que la nouvelle poudrerie était sur le territoire de Vaujours et qu’il fallait, pour les obsèques, prendre contact avec le curé de Vaujours. On imagine la perplexité du Commandant après une telle déclaration. Le cadastre consulté n’apporta guère de solution, car le bâtiment du commandement se trouvait sur la limite des deux communes.
Finalement, il fut décidé de « tirer sur le décamètre » pour attribuer à la commune de Sevran la propriété de la maison. Ceci fait, on avisera victorieusement le curé de Sevran que la poudrerie était sise sur sa paroisse. En conséquence, la défunte femme du concierge fut inhumée à Sevran et la poudrerie, puisque ses habitants relevaient de l’état civil de Sevran, prit le nom de « Poudrerie de Sevran » au détriment de Vaujours.
Les habitants de Vaujours n’ont cependant pas oublié que la poudrerie se trouve en grande partie sur leur territoire et leurs armoiries qui sont « d’azur à la bande bretessée et contre-bretessée d’or ; au chef du même, chargé d’un rai d’escarboucle fleurdelyssé d’azur » sont soutenues en pointe par « un foudre d’or enflammé de gueules » qui est l’insigne du Corps des Officiers des Poudres.
Source : Cercle Archéologique Historique Région Aulnay (CAHRA) avec toute notre gratitude.
Source photo Vaujours - La poudrerie : colletions Archives départementales de la Seine-Saint-Denis
Source photo parc aujourd’hui : tourisme93.com