Aulnay-sous-Bois : Les Républicains veulent enrayer la fuite des jeunes !
Publié le 12 Février 2021
Vous trouverez ci-dessous un communiqué AFP intitulé : Le Républicains veulent enrayer la fuite des jeunes !
Aulnay-sous-Bois, le 5 février 2021
Comment parler à la jeunesse ? LR, qui a vu ses effectifs fondre ces dernières années, modifie ce week-end ses statuts pour tenter d'attirer des militants cruciaux à l'approche de la présidentielle.
En ce froid dimanche matin, ils sont six, entre 23 et 29 ans, à se retrouver pour "boîter" à Aulnay-sous-Bois. "Tout le monde a bien pris des tracts ?" s'inquiète Alexandre Conan, 23 ans, qui a repris en juillet dernier une section départementale de jeunes "à l'arrêt".
Direction en jachère, manque d'activité et d'adhésions -- avec ses 33 adhérents, la section de Seine-Saint-Denis résume un désarroi plus large.
LR compte aujourd'hui 4.800 adhérents de moins de 30 ans -- contre 20.000 en 2015, à l'époque Sarkozy.
"Il ne faut pas jeter la pierre qu'à la droite : tous les partis manquent de jeunes", tempère Geoffrey Carvalhinho, ancien secrétaire général des Jeunes Républicains de 2014 à 2017.
Mais "en 2017 il y des jeunes à foison, avec des responsables partout, des super fédérations, une vraie écoute. Après la présidentielle tout s'est effondré", assure-t-il.
Selon lui "il y a eu un manque d'enthousiasme et de volonté à la tête des jeunes LR, une guéguerre de succession, puis une élection interne qui s'est mal passée".
La branche jeunes a aussi été ébranlée par des plaintes pour agression sexuelle visant son président Aurane Reihanian, qui a préféré se mettre en retrait.
Mais les jeunes ont souffert des choix stratégiques de leurs aînés. "Notre famille s'est embourgeoisée", expliquait l'an dernier M. Reihanian à l'AFP.
"Incarnation"
"On avait fait une croix sur la jeunesse au moment de la présidentielle", déplore le numéro 3 du parti Aurélien Pradié. "On disait: l'environnement, tel ou tel sujet, la jeunesse, ce n'est pas notre part de marché. Résultat: il nous restait 8% aux élections européennes".
Un rétrécissement ressenti par les militants d'Aulnay. "On a abandonné tout un pan idéologique et culturel à notre droite et notre gauche", estime Edouard Vailhé, 27 ans. "Beaucoup de mes amis m'ont avoué avoir voté RN. Ils disent : pourquoi on irait voter LR alors que c'est en reconstruction? Qu'on ne sait pas s'ils sont pro-européens ou souverainistes ?"
"Il ne faut pas avoir peur d'aborder tous les sujets, ne pas se renfermer que sur les sujets d'autorité", abonde Emin Saracoz, 24 ans, pour qui "être un jeune de droite, c'est tout simplement défendre les valeurs du travail et du mérite".
Pour tenter d'inverser la tendance, LR va soumettre à ses militants trois motions dimanche et lundi, pour donner au mouvement "jeunes" une autonomie financière -- comme le patron de LR Christian Jacob l'avait déjà fait à la FNSEA -- une meilleure représentation dans les instances, et pour relever de 30 à 35 ans l'âge plafond -- ce qui portera à 6.000 le nombre de jeunes.
LR avait lancé une première offensive lors de sa rentrée 2020 à Port-Marly, réunissant un millier de jeunes. "On est allés les chercher avec les dents", en les appelant au téléphone un par un, se souvient Aurélien Pradié.
Le parti essaie également d'élargir ses thématiques : violences conjugales, environnement, ou encore pauvreté avec l'idée de 300.000 "jobs pour la nation" pour les 18-25 ans...
A quinze mois de la présidentielle, Aurélien Pradié en est convaincu : "On ne gagnera pas une élection présidentielle sans programme pour la jeunesse".
Cela paie-t-il ? Depuis Port-Marly, le parti se targue d'adhésions en hausse, à 470 en janvier (contre 240 jeunes par mois début 2020).
"On voit des jeunes pousser la porte depuis quelques semaines", assure Alexandre Conan. "Ils ne sont pas forcément dans la politique, leur idée c'est plutôt : j'ai envie de m'engager, qu'est-ce que je peux faire ? Avec la crise, ils ont besoin d'espoir, et peut-être que ça passe par la droite".
Mais il reste difficile de mobiliser en l'absence de figure charismatique.
"Les jeunes ont besoin d'une vision, d'un projet et d'une incarnation. Le problème de la droite, c'est l'incarnation", résume Edouard Vailhé.
Source : AFP