Le policier tabassé lors d’un contrôle à Aulnay-sous-Bois témoigne : j’ai pensé que c’était fini pour moi !

Publié le 6 Janvier 2021

Léo, 26 ans, et Sébastien, 45 ans ( les prénoms ont été changés ), sont les deux policiers blessés lors du contrôle routier qui a dégénéré dimanche en lisière de la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois. Tous deux sont motards à la compagnie de sécurisation et d'intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93). Ce ne sont pas des novices : le premier est dans la police depuis six ans, le second depuis plus de 20 ans.

Le policier tabassé lors d’un contrôle à Aulnay-sous-Bois témoigne : j’ai pensé que c’était fini pour moi !

Dans la nuit du 14 juillet 2017, il faisait partie de ces policiers tombés dans un guet-apens. « Je venais en renfort, se souvient-il. Dimanche dernier, c'était très différent, l'effet de surprise était total. On a voulu leur faire une fleur on s'est fait défoncer la tête. Un point de non-retour a été atteint. »

Dimanche, les deux motards de la CSI 93 ont eu peur pour leur vie. Léo le confesse à demi-mot, le traumatisme est bien là. « C'était un contrôle routier comme nous en faisons tous les jours, résume le jeune gardien de la paix, dont l'épaule déboîtée lui vaut 21 jours d'ITT. Mais d'un coup, ça a dégénéré. »

Il était 16h30 lorsque les deux motards descendent de leur deux-roues pour contrôler deux jeunes sur un puissant scooter Honda. Son conducteur n'est pas un inconnu. Il avait déjà été contrôlé sans permis il y a peu. Magnanimes, les fonctionnaires ne l'avaient pas verbalisé. Quand il apprend qu'il écopera cette fois d'une amende, et qu'il risque d'être emmené au poste, il se serait montré menaçant, promettant aux policiers « de les emmener à Edgar-Degas », une artère du quartier connue pour ses points de deal et ses caillassages de policiers.

Une barrière envoyée sur la tête du policier

C'est à la suite de cet échange qu'une dizaine de jeunes surgissent par petits groupes. « J'étais très concentré sur le contrôle, raconte Léo. Ils sont arrivés soudainement. » Une barrière de chantier vole et atterrit sur la tête du gardien de la paix. Heureusement, il est casqué. Mais sa visière est relevée. « Je l'ai reçue sur le nez et la pommette », raconte ce grand gaillard de 1,80 m.

Tout va ensuite très vite. L'enchaînement exact des faits se bouscule dans la tête de Léo. Il se retrouve rapidement au sol. Les coups de pied et de poings pleuvent. Léo ressent une douleur intense à l'épaule droite qui vient de se déboîter.

«Quand ils visent la tête, c'est pour nous infliger des dommages irréversibles»

Sébastien, son équipier, est lui aussi en mauvaise posture. Il reçoit un coup de poing à la tête, un autre dans les côtes et se relève « sonné ». Malgré la douleur, le plus jeune réussit à se mettre debout. « J'ai eu un instinct de survie, ça m'a permis de me relever pour aller porter assistance à mon collègue », explique-t-il.

La vidéo tournée par l'un des assaillants témoigne de la violence de l'agression. Elle montre un homme qui se jette sur l'un des deux policiers et le plaque au sol pendant qu'un autre lui tourne autour comme un arbitre sur un ring de boxe.

« J'suis dans la tête de sa grand-mère. Ni… ta grand-mère, ni… ta mère », encourage le vidéaste amateur. Des mots qui résonnent encore dans la tête de Sébastien : « On sait que quand ils visent la tête, c'est pour nous infliger des dommages irréversibles qui peuvent conduire à la mort. Je me dis : Je vais me retrouver en fauteuil, c'est fini pour moi. »

De nombreux messages de soutien

À deux contre dix, les policiers n'ont aucune chance. Ils ne peuvent faire usage d'aucune arme pour se défendre. Leurs gilets pare-balles amortissent quand même les chocs. Seule l'intervention de renforts met fin à leur calvaire.

« Ça a été très rapide, trois ou quatre minutes, lâche Léo d'une voix blanche. Et en même temps très long. Si les renforts n'étaient pas arrivés, je ne serais pas là pour témoigner. » Meurtri, il reconnaît pudiquement « y penser toujours avant de s'endormir ». « C'est très douloureux d'en parler », glisse-t-il. Ce n'est pas sa première agression mais « je n'en avais jamais connu d'une telle intensité ».

Pour l'heure, Léo se repose. Il devra peut-être se faire opérer car les ligaments ont été endommagés. Les messages de soutien l'aident à surmonter l'épreuve. Depuis dimanche, il en a reçu beaucoup. Dont celui du préfet de police.

Les deux motards de la CSI 93 retourneront sur le terrain, mais ils sont désabusés. « Les gens oublient que nous aussi, nous avons une famille », souffle Léo. « La police ne fait plus peur, ajoute Sébastien. Seule une sanction pénale ferme peut avoir un impact. »

Le brigadier-chef entend encore sa fille lui dire : « Papa, quand est-ce que tu rentres enfin chez nous ? Pourquoi tu ne t'es pas défendu ? »

Article complet du journal Le Parisien à lire en cliquant : ici

Source article et capture d’écran : journal Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Sécurité publique

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