Ouverture d’un restaurant de Kebab maison à Aulnay-sous-Bois
Publié le 5 Octobre 2020
Dans le kebab de Sofiane, ça ne sent pas le graillon. Mais les effluves de persil, de citron et de chou rouge frais, qui le disputent aux odeurs d'épices d'une marinade maison dans laquelle baignent du veau et de la dinde. « Ici, tout est fait maison », sourit Sofiane — que tout Aulnay-sous-Bois connaît sous le nom de Piou-Piou.
A 25 ans, il vient d'ouvrir sa petite échoppe — entre le food-truck et le restaurant miniature — en bordure de la cité de l'Europe. L'aboutissement d'un parcours hors-norme : déscolarisé à 13 ans, Sofiane a sorti la tête de l'eau en organisant, la même année, un barbecue au cœur de sa cité. Première centaine d'euros gagnée et début d'une ascension éclair qui lui vaut aujourd'hui d'être désigné meilleur kebab de la ville par les amateurs, dans une commune qui s'est fait une spécialité des food trucks qualitatifs.
«Je ne savais pas rester en place, je provoquais et je séchais les cours»
« Je veux que mon parcours serve de leçon à tous les gamins qui peuvent faire des conneries : avec du boulot, tout est possible », résume, sans morale, avec sincérité, Piou-Piou, sous le barnum de son restaurant.
En cinquième, il est viré du collège Christine-de-Pisan. Trop turbulent. « Je ne savais pas rester en place, je faisais des bêtises, je provoquais et je séchais les cours… » se souvient-il. Dans un autre établissement, la direction tient quatre mois, avant de le renvoyer. Sa mère décide de le placer dans un foyer de réinsertion. Là, il suit un stage de quinze jours dans une pizzeria d'Aulnay-sous-Bois. Une révélation.
L'été suivant, alors qu'il n'a pas quinze ans, il organise un barbecue au pied de la cité de l'Europe. Sans argent, il fait appel à la débrouille : « Je suis allé voir tous les grands, leur ai demandé quelques pièces. J'ai récolté quarante euros et acheté un petit barbecue à Carrefour », se souvient Piou-Piou.
Le boucher avance les merguez, et le boulanger quelques baguettes. « J'ai démarré mon barbecue à 12h30 et ça a cartonné ! Tout le monde était dehors, m'achetait mes sandwiches à 4 euros, avec formule obligatoire merguez ketchup-mayo. À 17 heures, j'avais plus de viande, alors j'ai utilisé l'argent gagné pour rembourser les commerçants et leur racheter de la viande. Mon barbecue s'est finalement terminé à… 1h30 du matin ! »
5000 euros récoltés en un été
Piou-Piou remet le couvert tout l'été, économise le moindre euro. À la rentrée, il fait ses comptes : « J'avais 5 000 euros de côté. Alors, j'ai acheté mon premier camion, un vieux food-truck pas très hygiénique dans lequel je faisais de la plancha, du burger… Je faisais ça à la sauvette, sur un parking de la cité ».
Jusqu'au jour où la municipalité lui demande de se mettre en règle. « Ils sont venus me voir, m'ont dit que sans autorisation, je pouvais pas faire mon business. Alors je suis allé voir les services de la ville pour faire les choses proprement : stage d'hygiène, formation, déclaration de mon entreprise… »
Sofiane s'achète un nouveau food-truck et obtient un emplacement plus visible. Mais se heurte à un nouvel obstacle : l'hiver. « Les gens sortaient peu », se souvient-il. Le coup de froid n'arrête pas Piou-Piou. « J'ai acheté une voiture et je me suis lancé dans la livraison à domicile. Je cuisinais mes burgers dans le camion, je les conservais au chaud dans un four installé dans la voiture, et j'allais livrer, jusqu'à 4 heures du matin », poursuit-il. Il cartonne et en quelques années, sa carte de visite fait le tour du 93.
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Source article et photo : journal Le Parisien