Le Cap et le Créa à Aulnay-sous-Bois en voie de disparition ?
Publié le 19 Janvier 2016
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Victimes des budgets tendus. A Aulnay-sous-Bois, le Cap, une salle de musiques actuelles, et le Créa, une école de chant, pâtissent des économies des acteurs publics. Et pourraient voir leur programmation bouleversée.
Le Cap, trop élitiste selon la ville. Depuis quinze ans, cette scène installée dans le quartier des 3 000 promeut les musiques actuelles, attirant un public de toute l'Ile-de-France. Pour Bruno Beschizza, maire (LR), elle est trop « élitiste et destinée aux Parisiens ». L'édile estime que « les habitants d'Aulnay ne la fréquentent pas ». Résultat : cette année, la ville a réduit le nombre de concerts et a contraint le directeur à revoir sa copie.
Pour Hervé Suaudeau, associatif local, cela risque d'aller plus loin. « La ville veut tuer le Cap, le réduire à un petit équipement de quartier », craint-il. Et d'ajouter : « Jeanne Added, Blacko, Youssoupha... c'est loin d'être élitiste ! Et puis, comment peut-on regretter que des gens viennent de Paris jusque dans une cité d'Aulnay pour voir un spectacle ? » Un autre défenseur du Cap l'assure : « Les habitants se sont appropriés la structure, via une foule d'actions pédagogiques avec les scolaires, des visites les soirs des concerts, des cours de musiques du monde... » Et de regretter, également, que le poste lié à la communication ait été supprimé : « En ne parlant plus du Cap, on l'étouffe ! » La municipalité réfute ce point : « Ce poste a été réaffecté à la ville en conservant ses missions sur le Cap, indique un proche de Bruno Beschizza. Il faut faire des économies, car en 2014 et 2015, la baisse des dotations de l'Etat, couplée au départ de Peugeot SA, a coûté 15 M€ ! »
Le Créa à la recherche de subventions. La situation de cette école de chant — hébergée au Théâtre Jacques-Prévert — est différente. « La ville nous soutient : sa subvention est de 200 000 € soit 31 % de nos aides », tranche Didier Grosjman, le directeur. L'homme cible plutôt la Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France (Drac), le département et la région. « Ça fait trente ans que le Créa fait rayonner le territoire, à la fois en se produisant, par exemple, au prestigieux théâtre du Châtelet (Paris), mais aussi en recevant chaque semaine 1 200 enfants des quartiers d'Aulnay, résume Grosjman. Notre activité explose, mais les aides ne suivent pas ! » Le départ récent de deux mécènes privés n'arrange rien. Conséquence, selon Didier Grosjman : « On va revoir à la baisse notre fonctionnement, et réduire la voilure sur la programmation. »
Au département et à la Drac, on salue « la qualité du travail » effectué par le Créa. Tout en invoquant un budget tendu : « A l'heure de la baisse des dotations d'Etat, le simple fait de maintenir notre subvention (NDLR : 38 000 €) est un choix fort », estime-t-on au cabinet de Stéphane Troussel, président (PS) du département.
De son côté, Jean-Pascal Lanuit, directeur adjoint de la Drac d'Ile-de-France, assure que « le Créa n'est pas abandonné » mais, paradoxalement, « son originalité le prive de certaines aides publiques qu'on octroie via un cahier des charges précis ».
Source article : Le Parisien