Les huit derniers « survivants » de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois

Publié le 2 Décembre 2015

Les huit derniers « survivants » de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois

Le rituel semble ubuesque, mais immuable. Tous les matins, à 6 h 46, franchir le tourniquet de l'usine. Puis en ressortir à 14 h 37. Des horaires calqués sur ceux de l'ancienne équipe du matin, à l'époque où les ateliers de PSA Aulnay tournaient encore. L'usine automobile est officiellement fermée depuis. .. décembre 2013. L'un des trois ateliers a été démoli. Mais les derniers salariés concernés par le plan social continuent à pointer.

« On a vidé les bureaux, trié les documents »

Ils sont encore huit. Sept hommes et une femme, reconnus handicapés. C'est à ce titre qu'ils ont pu rester jusqu'à deux ans de plus dans les effectifs de PSA. Le dispositif s'achève fin décembre et ils devront quitter l'usine. Du lundi au vendredi, ils entrent dans un bâtiment administratif du site. S'installent dans une salle, équipée de quelques ordinateurs et d'une connexion Internet. Deux encadrants sont là aussi, ainsi qu'un préventeur sécurité, et un employé chargé de la paie. « Au début, on avait des activités, se souvient l'un d'eux. On a vidé les bureaux, trié les documents, déplacé les voitures sur les parkings... »

Au début, c'était en juin 2013. Dans le cadre du plan social, PSA a proposé à ses salariés dits « fragiles » d'intégrer une « équipe multi-activités ». 89 ont accepté. Alors que le couperet du licenciement devait tomber début 2014, ils ont pu rester à Aulnay, pour bénéficier d'un « suivi individualisé ». Avec l'espoir d'obtenir une mutation au sein du groupe, ou de trouver un nouvel emploi à l'extérieur.

Au fil du temps, les collègues sont partis

Mutation, congé « senior », ou départ dit volontaire, au fil du temps, les collègues sont partis. Des formations ou des remises à niveau ont eu lieu : français, maths, informatique... Une session « soins et beauté » de trois jours. Serge, 50 ans, ancien responsable d'unité, a pu passer son permis car. Puis les activités se sont raréfiées. Le temps paraît long aux derniers d'Aulnay.

Aujourd'hui, seule Elena a encore de quoi s'occuper : « Je scanne des documents pour les archives de l'usine de Poissy », indique cette blonde de 43 ans, au regard fatigué. Lundi, elle a fondu en larmes en découvrant la lettre recommandée de PSA : « Ils me proposent un poste à Poissy, c'est le même que celui que j'ai refusé il y a quelques mois. Il n'est pas adapté à mon handicap. Et je n'ai pas de moyen de transport pour y aller de chez moi, à Bobigny », affirme-t-elle. Elena n'a qu'un vœu : rester au sein du groupe automobile. « C'est ce qu'on veut tous. Comment on pourrait retrouver du travail ailleurs alors que les gens en bonne santé n'y arrivent pas ? » argumente Aziz, 43 ans et le dos abîmé après vingt-trois ans à l'usine.

La direction assure poursuivre « le travail de reclassement »

Un porte-parole de PSA indique que l'entreprise poursuit « le travail individuel de reclassement [...] pour faire des propositions de postes adaptées aux restrictions médicales de chacun en tenant compte de leur lieu d'habitation ». Parmi les derniers d'Aulnay, certains viennent effectivement de recevoir une offre. A Poissy, Saint-Ouen... ou Valenciennes, pour Serge. « A deux heures de chez moi », commente cet ancien responsable d'unité. Patrick et Bruno, la cinquantaine, 20 et 28 ans d'ancienneté, attendent toujours. En dehors d'une mission en Esat (établissement pour travailleurs handicapés) de quelques semaines, ils affirment encore n'avoir reçu « aucune proposition » de mutation.

Le tribunal des prud'hommes de Bobigny, saisi par 161 anciens salariés de PSA-Aulnay, devait rendre sa décision hier. Ce ne sera finalement que le 15 décembre. Les magistrats doivent se prononcer sur la régularité de leur licenciement, en 2013. Une seconde audience, portant sur 200 dossiers, doit avoir lieu le 8 décembre.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #C'est dans le Journal

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