Emotion à Clichy-sous-Bois lors de la commémoration de la mort de Zyed et Bouna

Publié le 28 Octobre 2015

Emotion à Clichy-sous-Bois lors de la commémoration de la mort  de Zyed et Bouna

« Voilà, ça fait dix ans. Il y a dix ans se produisait un drame.

Un drame national. » C'est d'une voix tremblante d'émotion que Siyakha Traoré, 31 ans, a pris la parole ce mardi soir, à Clichy-sous-Bois. Cela faisait longtemps que la foule n'avait pas été aussi dense autour de la stèle portant les noms de son petit frère, Bouna, et de Zyed Benna.

Ce mardi, plusieurs centaines d'habitants, d'élus, de militants se sont rassemblées à 18 heures, au moment précis où, il y a dix ans, les deux adolescents de 15 et 17 ans mouraient électrocutés dans le transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés pour échapper à la police. Le drame avait déclenché trois semaines d'émeutes en banlieue. Des bougies ont été allumées sous le portrait des défunts, symbolisant « le moment où toutes les lumières de la ville s'étaient éteintes », a souligné Samir Mihi, porte-parole des familles. Une coupure de courant générale avait immédiatement suivi le décès des adolescents.

La présence du ministre de la Ville a sans doute ajouté à la solennité du moment. Avant la cérémonie d'hommage, Patrick Kanner a passé un moment avec les familles Benna et Traoré, ainsi qu'avec les soeurs de Muhittin, seul rescapé du drame, loin des caméras et des journalistes.

« Cette solidarité, cette gentillesse, c'est ce qui nous a permis de rester debout »

Puis, devant la stèle, les grands frères de Zyed et Bouna ont chacun prononcé quelques mots, la gorge nouée. « Pendant dix ans, on s'est battu pour que leur mort serve à quelque chose. On voulait prouver aux jeunes, à tous les jeunes de banlieue qu'il ne fallait pas se faire justice soi-même. Il reste beaucoup à faire pour que les habitants des quartiers soient considérés comme des citoyens à part entière », a lâché Adel Benna, 39 ans.

Siyakha Traoré a rendu hommage à la foule des habitants et des amis : « Cette solidarité, cette gentillesse, c'est ce qui nous a permis de rester debout. » Quelques instants auparavant, l'allée menant au collège Robert-Doisneau a été baptisée du nom des deux adolescents. « Il est très important que les futurs élèves de 6e, qui n'étaient pas nés en 2005, connaissent ces noms et ces prénoms », a souligné le maire PS de Clichy, Olivier Klein.

Parmi les jeunes Clichois venus en nombre, Maryam, Lina et Sana ne sont pas prêtes d'oublier : « C'était des jeunes de notre ville, on ne veut pas les effacer de notre mémoire. » « C'est un épisode tragique, il doit entrer dans l'histoire de France », estime de son côté Ayoub, 15 ans, tout jeune militant du collectif AC Lefeu. En mai dernier, deux policiers, jugés pour non-assistance à personne en danger, ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Rennes.

« C'est peut-être un manque de fraternité qui a conduit à cette tragédie », estimait ce mardi soir Patrick Kanner, devant la foule silencieuse.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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