L’hôpital Ballanger d’Aulnay-sous-Bois a une dette de 150 millions d’euros
Publié le 27 Avril 2015
150 millions de dettes, des suppressions de postes et de lits, un pôle psychiatrie « en état de sinistre ». Après une importante restructuration, Ballanger doit se serrer la ceinture.
Petits-fours et orchestre jazzy dans le hall... Banderole CGT à l'extérieur. Il y avait deux ambiances, lors de l'inauguration du nouveau pôle mère-enfant à l'hôpital intercommunal Robert-Ballanger (Aulnay-Villepinte) à la mi-avril.
Au terme d'un chantier de 90 M€, l'établissement s'est doté d'un bâtiment rutilant, belle vitrine abritant une maternité ultramoderne (lire ci-dessous), des services de pédiatrie innovants, un pôle tout neuf de consultations (autrefois éclatées sur 18 sites)... Avec l'ouverture, l'an dernier, d'un bâtiment de soins de suite, d'une crèche, d'un hôpital de jour en pédopsychiatrie, l'hôpital a vécu « sa plus importante restructuration depuis trente ans », selon les mots d'un responsable. Mais cette modernisation a son revers. Après les travaux, c'est le temps des économies, ce qui inquiète le personnel et les élus.
L'hôpital est endetté. C'était le seul moyen de financer les travaux lancés en 2008. L'hôpital Ballanger a beaucoup emprunté, et son endettement, à hauteur de 150 M€, représente 75 % de son budget annuel. « Situation financière dégradée », estime l'agence régionale de santé (ARS). Depuis avril 2014, l'établissement est inscrit dans le programme du Copermo, comité interministériel suivant de près les hôpitaux jugés fragiles. On est toutefois loin de la situation de l'hôpital de Montreuil, placé sous administration provisoire il y a trois ans.
Un plan d'économies. Proposé par la direction de l'hôpital, validé par le Copermo, il prévoit notamment la fermeture d'une aile de chirurgie (23 lits, dont 14 déjà supprimés), compensée par l'essor de la chirurgie ambulatoire (les actes seront réalisés en une journée, sans hospitalisation). 19 postes vont être supprimés au bloc opératoire, 12 autres au sein du pôle consultations, d'ici à 2017. « Mais la croissance de l'hôpital va se poursuivre », assure le directeur, Jean Pinson. La maternité, avec 70 postes en plus dans quelques années, doit ainsi passer de 2500 à 3500 accouchements par an.
Des chantiers en suspens. C'est là que le bât blesse : le Copermo demande à l'établissement de limiter ses investissements, entre 3 et 4 M€ par an. Or, note Jean Pinson, « un hôpital doit investir en moyenne 3 % de ses recettes pour entretenir et rénover son patrimoine. Là, on est en dessous ». Le conseil de surveillance de l'établissement a adopté une motion le 13 avril, demandant à l'ARS des solutions pour pouvoir humaniser des secteurs (la psychiatrie adulte ou l'accueil des urgences).
La psychiatrie, « en état de sinistre ». De l'avis de tous, c'est l'urgence numéro un. Des locaux « vétustes », « des champignons dans les chambres à cause de l'humidité »... Voilà comment le personnel de la psychiatrie adulte décrit les pavillons abritant environ 80 patients. Le directeur admet volontiers que ce service « a souffert et souffre encore d'un relatif manque de moyens » (malgré la création d'une quinzaine de postes en trois ans). Le député (Front de gauche) François Asensi, président du conseil de surveillance, l'a déclaré « en état de sinistre ». « On a le sentiment d'avoir été abandonnés », résume Marie-Françoise Dubois, représentante CGT au comité d'hygiène (CHSCT).
Source : Le Parisien